La tension est montée d'un cran, hier, entre Israël et les Etats-Unis à propos de la colonisation en Cisjordanie que le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse de geler, comme le réclame le président Barack Obama. « Je veux dire de façon très claire que le gouvernement israélien actuel n'acceptera en aucune façon que la colonisation légale soit gelée » en Cisjordanie, a proclamé le ministre des Transports, Israël Katz. M. Katz, un proche de M. Netanyahu, a ainsi répondu aux pressions exercées par le président Obama pour obtenir un gel total de la colonisation. Jusqu'à présent, le gouvernement de M. Netanyahu s'est contenté de se déclarer prêt à évacuer des colonies sauvages établies par des colons extrémistes, tout en affirmant vouloir continuer à construire dans les 120 colonies « légales » pour faire face à la « croissance naturelle » de leur population. Le président Obama, comme la communauté internationale, a refusé d'entériner cette distinction entre les différentes colonies. M. Katz a également accusé le président Obama de refuser de respecter les engagements pris par son prédécesseur, George W. Bush, dans une lettre adressée en 2004 à l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon. Dans cette missive, l'ex-président américain indiquait, selon les responsables israéliens, que le tracé d'un futur Etat palestinien devrait tenir compte des blocs d'implantations. Israël entend annexer ces blocs en Cisjordanie, où vit la grande majorité des 280 000 colons. « Cette administration (Obama) n'a pas encore reconnu les arrangements conclus entre le gouvernement israélien et l'administration Bush. Cela ne peut que susciter des inquiétudes sur des arrangements futurs », a ajouté M. Katz. Barack Obama a pressé Israël d'accepter la création d'un Etat palestinien et de mettre fin à la colonisation, lors d'une rencontre avec Mahmoud Abbas, qu'il a reçu jeudi pour la première fois à la Maison-Blanche. M. Netanyahu, qui s'est rendu le 18 mai à la Maison-Blanche, avait refusé de parler d'Etat palestinien ou d'un gel total de la colonisation. La majorité des médias faisait, hier, ses gros titres sur la crise qui pointe avec le grand allié américain. Par ailleurs, un rapport pourrait donner des arguments aux Etats-Unis contre la colonisation. Selon le mouvement israélien anti-colonisation « La Paix maintenant », 44% des terres sur lesquelles ont été construites des colonies sauvages en Cisjordanie appartiennent à des propriétaires palestiens. Heurts interpalestiniens Trois policiers palestiniens ainsi que deux éléments du Hamas et un civil palestinien ont été tués, hier, lors d'échanges de tirs à Qalqilya (nord de la Cisjordanie), selon un bilan de la police palestinienne. Les policiers ont été tués alors qu'ils tentaient d'arrêter Mohammad Samman, un membre des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, qui était retranché dans une maison. Ce militant, ainsi qu'un autre membre des Brigades, ont également trouvé la mort, de même que le propriétaire de la maison. Au cours des échanges de tirs, deux autres policiers ont été blessés, a ajouté la police. A la suite de ces affrontements, la police de l'Autorité palestinienne a imposé un couvre-feu sur la ville de Qalqilya. L'Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah du président Mahmoud Abbas, et le Hamas sont en conflit parfois violent depuis le coup de force du mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans la bande de Ghaza en juin 2007. Depuis cette date, le Fatah ne contrôle plus que la Cisjordanie. Dans un communiqué publié à Ghaza, le mouvement islamiste a condamné « un crime commis par des bandes qui opèrent pour le compte des sionistes (Israël, ndlr) », affirmant que « Mahmoud Abbas, son autorité et ses services de sécurité ont dépassé les lignes rouges et assument l'entière responsabilité de ce crime abject ». Dans un communiqué séparé, le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum, a estimé qu'il y avait « peu de chances que le dialogue de réconciliation entre les deux partis rivaux se poursuive ». Le Fatah et le Hamas ont eu depuis février au Caire cinq sessions de dialogue de réconciliation sous la supervision de l'Egypte.