En effet, cette petite commune de l'est algérois, jadis balnéaire, a perdu tous ses atouts touristiques à partir du moment où la commune a été livrée au squat même des espaces à vocation touristique, à l'instar de Coco Plage, où un bidonville s'est implanté en l'espace de quelques années seulement sur le rivage même. Un natif de l'ex-Cap Matifou dira en guise de témoignage : «Cette plage au sable fin était naguère rayonnante et attirait les estivants de toutes parts ; aujourd'hui, elle est devenue un endroit où s'entassent des centaines de baraques.» La responsabilité et le laisser-faire des autorités locales dans cette situation chaotique sont cependant avérés, pour la simple raison qu'il ne devrait y avoir aucune tolérance quant à l'implantation d'un bidonville dans une zone aussi protégée qu'une plage. Cela aurait été plus ou moins compréhensif si le bidonville en question était implanté n' importe où ailleurs. En somme, après la dilapidation du foncier, la commune de Bordj El Bahri est passée à un stade supérieur, celui du galvaudage des attributs naturels des lieux. Déjà que l'embouchure de l'oued Hamiz, pollué de surcroît, finit son cheminement au niveau de cette plage, que vient s'ajouter l'établissement illicite d'un site de baraquements, qui a d'ailleurs réduit considérablement la superficie de la plage, contraignant de la sorte les quelques pêcheurs qui entreposaient leurs barques, notamment en hiver, à changer d'emplacement. L'extension effrénée de l'habitat précaire à Bordj El Bahri a envahi également les zones connues pour être des marécages. C'est le cas des Ondines, où des centaines de baraques se sont greffées au site des chalets qui s'est à son tour bidonvillisé par le fait du vieillissement de ces masures, donnant une image hideuse au quartier, qui était dans un passé récent l'un des quartiers les mieux organisés en termes d'urbanisme.