A Coco Plage dans la commune de Bordj El Kiffan, un bidonville s'apparentant aisément aux favelas brésiliennes s'est érigé au fil du temps, non pas comme le voudrait l'entendement sur un quelconque terrain vague mais à même la plage. Cette berge du littoral est algérois était dans un passé récent très fréquentée par les estivants en quête de villégiature. Aujourd'hui, l'endroit offre un paysage désolant. La plage a été entièrement squattée par des indus occupants venus de différentes localités de la banlieue algéroise, mais aussi de l'intérieur du pays.Ce bidonville, aux proportions démesurées, prend naissance à partir de l'embouchure de oued El Hamiz, pour s'étirer jusqu'à l'entrée principale de la plage qui servait naguère d'aire de stationnement pour les véhicules des plaisanciers. Toute la surface de la plage se trouve en somme occupée par ces mansardes, ne laissant cependant apparaître du rivage qu'un espace réduit, laissé après le retrait des vagues qui viennent se briser sur les murs en parpaings de ces habitations de fortune : « C'est un véritable crime contre la nature », nous lance un natif de l'ex-Cap Matifou. Le long de cette grève où le sable était si fin, il y avait également un endroit où les barques des petits pêcheurs de la région venaient s'accoster. Ils ont dû se résigner définitivement à quitter le lieu, tant ils ont été acculés dans leurs derniers retranchements par ces squatters d'un genre nouveau ; des terres agricoles qui ont été, des années durant, livrées aux actes de pillage et de dépravation. La gestion des affaires de la municipalité passe à un mode de gestion nouveau, mais aussi hasardeux, basé cependant sur le « laisser-faire ». « Il n'y aurait rien eu de tout cela si les premiers responsables de la commune avaient conscience du danger que représente un tel site de baraquements sur l'environnement », nous dira un autre habitant de Coco Plage. Dans d'autres endroits du rivage, ce sont des parcelles de terrain gagnées au détriment du sable qui ont été envahies par les habitations illicites. « Ces espaces ont été créés à la suite de l'amoncellement de débris de tous genres après le séisme de mai 2003 », assure notre interlocuteur. Nos maintes tentatives de contacter les responsables de la commune de Bordj El Bahri, pour des explications éventuelles sur le cas de ces bidonvilles, sont restées vaines et sans suite. La dernière explication, qui nous a été donnée par le P/APC, relève du fatalisme dans son expression la plus élémentaire. « Le problème est entre les mains de la wilaya », nous a confié alors le P/APC. Quant à la responsabilité des responsables locaux concernant cette situation chaotique, elle semble avérée à partir à partir du moment où ces derniers ont fermé l'œil et ont laissé le phénomène prendre de l'ampleur. Cette partie du littoral était jadis rayonnante par ses atouts touristiques, non seulement elle ne l'est plus présentement, mais elle pose également un véritable problème écologique, du fait des déversements anarchiques qui s'effectuent et par ces indus occupants et par la pollution drainée par oued El Hamiz. Le littoral, qui reste un attribut commun à toute la société, doit être sauvegardé pour les générations futures, il n'appartient de ce fait à personne d'en altérer la vocation première. Les responsables, qui avaient à charge la sauvegarde de ce patrimoine qui est maintenant irrécupérable, devront rendre des comptes devant la conscience collective.