Une vingtaine de familles de Ouled Saâda, douar situé à 5 Km du chef-lieu de la commune, se sont retrouvées confrontées à une tentative d'urbanisation qui est très loin de faire l'unanimité. Qui pourrait croire que la lointaine commune de Ouled Maallah, à l'étroit entre les piémonts du Dahra et la berge droite du Chellif, éprouverait les pires difficultés à s'agrandir ? Au point où le maire est allé chercher quelques parcelles de réserves foncières dans les douars les plus reculés. C'est ainsi que la vingtaine de familles qui vivent dans le douar de Ouled Saâda, situé à 5 km du chef-lieu de commune et à deux pas de la wilaya de Relizane, se sont retrouvées confrontées à une tentative d'urbanisation qui est très loin de faire l'unanimité. Selon leurs déclarations, ce serait le maire qui aurait déclenché une campagne visant à remettre en cause une situation qui date de la période coloniale, lorsque, le 13 mai 1958, les forces coloniales attaquent au canon les douars situés sur le flanc de la montagne. Après avoir été alertés de la présence d'un groupe de moudjahidine, les militaires français, après un long accrochage et la mort au combat de martyrs de la révolution, décident de faire déloger les populations. La furie des pluies diluviennes La décision de créer un camp de regroupement est vite adoptée et le conseil communal, réuni le 21 juillet 1959, sous la présidence de Bendjeddou Mohamed, maire, entérine la décision d'accaparer une parcelle de 1,26 ha appartenant à la famille Ghrib, pour la modique somme de 100.000 francs de l'époque. C'est sur cette parcelle que les services communaux, grâce au budget puisé auprès du service d'action sociale de l'armée, la fameuse SAS, érigeront un village en « Toub », un amalgame d'argile et de paille, afin d'y loger les familles paysannes qui étaient un réel soutien pour la rébellion. Ce véritable camp de concentration et de regroupement abritera ces familles jusqu'à la terrible tempête du 10 /11/ 2001, lorsque des pluies torrentielles s'abattirent sur la région, réduisant en bouillie les minuscules bâtisses. Seules de rares maisons en dur résisteront à la furie des pluies diluviennes. Ce qui obligea les habitants à reconstruire et parfois à agrandir pour répondre à la croissance démographique. Très souvent, les constructions se feront dans l'unique souci de répondre à l'urgence. L'aisance aidant, ces familles rurales, qui continuent à travailler leurs terres et à en tirer de substantielles récoltes, parviendront à réduire les énormes difficultés de la vie rurale. Les Ouled Saâda contestent Appartenant pratiquement tous à la même tribu, ils avaient réussi à conserver une certaine harmonie dans les relations intercommunautaires. Mais, depuis les dernières élections municipales et l'arrivée d'un nouveau maire originaire de la région voisine de Mazouna, les choses allaient changer brutalement pour ces populations. Ce dernier expliquera que la mise en application d'un plan d'occupation des sols devenait une nécessité pour la commune qui, selon ses dires, n'aurait aucune réserve foncière. C'est ainsi qu'il explique le choix du douar Ouled Saâda, en raison, dira-t-il de la disponibilité d'un terrain de 3 ha. Ce que les Ouled Saâda contestent, document à l'appui, puisque la copie de la délibération du 21 juillet 1959 stipule bien que la superficie achetée pour utilité publique auprès des Ghrib n'est que de 1,26 ha. Pourtant, le maire s'en tient à ses 3 ha qu'il dira vouloir récupérer afin de procéder à l'agrandissement du douar. Dans son projet, plusieurs constructions marquées d'une croix sur le plan, dont nous détenons une copie, sont destinées à la destruction. Une action en justice contre un habitant est déjà en cours auprès du tribunal de Sidi Ali. D'où l'inquiétude des habitants du douar, dont certains auraient été empêchés de reconstruire en dur leurs taudis datant de l'époque coloniale. Chez les descendants des Ghrib, c'est également la consternation à l'idée que les 3 ha réclamés par le maire seront encore une fois prélevés sur leurs terres.