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L'heure de la succession
La mort du président du Gabon Omar Bongo
Publié dans El Watan le 10 - 06 - 2009

Le Gabon se prépare depuis lundi et même bien avant à la succession du président Omar Bongo décédé lundi dernier dans une clinique espagnole de Barcelone.
Pour le moment, la voie constitutionnelle à commencer par la vacance du pouvoir, constatée par la plus haute autorité judiciaire du pays, semble respectée, même si officiellement le Gabon observe un deuil, avec des appels à l'unité nationale. Omar Bongo Ondimba, qui a gouverné le Gabon pendant 41 ans, était âgé de 73 ans. Il était hospitalisé depuis début mai dans une clinique privée de Barcelone, en Espagne. Selon la Constitution gabonaise, le président du Sénat, actuellement Rose Francine Rogombé, doit assurer la transition jusqu'à un scrutin à programmer, au plus tard 45 jours après le constat de la vacance du pouvoir. A Libreville, le ministère de la Défense, dirigé par Ali Ben Bongo Ondimba, fils du défunt et cité comme un des successeurs possibles, a décidé « la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes » du pays. Appelant la population au « patriotisme », il a également annoncé « la mise en place de toutes les composantes des forces de défense sur tout l'ensemble du territoire » et « la sécurisation des sites et des bâtiments administratifs sensibles ».
Succession difficile
Après 41 ans de pouvoir sans partage, la succession de M. Bongo s'annonce difficile d'autant qu'il n'a jamais désigné de dauphin. Soulignant que le président avait « toujours cultivé l'unité et la cohésion des Gabonais pour une paix véritable », M. Eyeghe Ndong a appelé ses concitoyens à « la préserver dans le respect des institutions » et à « rester unis et solidaires dans le recueillement et la dignité ». A Libreville, le gouvernement s'est réuni dès hier dans la matinée et a saisi la Cour constitutionnelle pour constater la vacance du pouvoir (...) conformément à la Constitution. « On suit la Constitution à marche forcée parce que le clan Bongo n'avait pas eu le temps de préparer autre chose. Il a été pris de court », a affirmé une source proche de la présidence. « Toutefois, jusqu'ici, cela ne pose pas de problèmes puisque tout le monde veut la paix. Mais il y a un problème majeur : les listes électorales », a relevé cette source. « Organiser des élections démocratiques en 45 jours est impossible. Si on regroupait toutes les listes locales, on aurait 2 millions d'électeurs... pour une population totale estimée autour de 1,5 million », souligne-t-elle. La présidente du Sénat tentera-t-elle malgré tout de tenir le délai ? « C'est probable qu'il y ait un accord pour qu'on repousse le délai d'organisation de l'élection présidentielle. Tout le monde est d'accord : le gouvernement, le clan Bongo, comme l'opposition », répond cette source. Ce qui expliquerait alors l'incertitude sur l'état du président gabonais qui avait persisté toute la journée de lundi. Sa mort, annoncée dimanche soir par une source proche du gouvernement français, avait été démentie lundi matin par le Premier ministre gabonais. Quelques heures plus tard, deux médias espagnols, le journal catalan La Vanguardia et l'agence Europa Press, citant des proches, révélaient sa mort lundi après-midi. Les autorités gabonaises avaient, jusque-là, soutenu que M. Bongo avait été hospitalisé pour un simple « bilan de santé approfondi et des soins appropriés ». D'autres sources l'avaient décrit dans un état « grave », et soigné pour un cancer intestinal. Jadis considéré comme un petit eldorado pétrolier africain, le Gabon est touché de plein fouet par la crise et vit une importante crise sociale, victime de longues années d'une gestion sans diversification de l'économie et gangrené par la corruption.
La fin de la françafrique
Omar Bongo était l'un des symboles de la « Françafrique », une relation complexe entretenue entre Paris et ses ex-colonies d'Afrique, où se mêlent raison d'Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes. Pour le député français des Verts, Noël Mamère, Omar Bongo « était le symbole de tout ce que nous dénonçons depuis 30 ans, c'est-à-dire la Françafrique, ces relations incestueuses, mafieuses entre quelques gouvernements africains et la France, de gauche comme de droite d'ailleurs ». « Bongo faisait partie de ces gens qui étaient installés au pouvoir depuis très très longtemps, soutenus continuellement par la France et qui détournaient l'argent de leur peuple », a-t-il ajouté. Avec lui, « c'est un pan de l'histoire de la Françafrique qui s'effondre ». De son côté, l'ancien président français de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a affirmé que Omar Bongo avait soutenu « financièrement » Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1981. Selon Giscard d'Estaing, au début de sa présidence, Omar Bongo était « un homme jeune, brillant, actif qui inspirait une certaine sympathie en fait. Puis, par la suite, c'est devenu un régime très personnel fondé quand même sur des systèmes financiers très contestables et personnellement j'ai rompu tout rapport avec le président Bongo à partir de ce moment-là ». Omar Bongo « ne représentait pas à lui seul la Françafrique » mais « ce qui est vrai, c'est qu'il était un des derniers à la représenter et donc sa disparition marque, d'une certaine manière, la fin de la Françafrique », a-t-il aussi déclaré. Toutefois, de nombreux chefs d'Etat ont tenu à exprimer leurs condoléances. Nul doute, que ce décès sera suivi par de très nombreux évènements sur un contexte et une situation dans lesquels le président défunt n'était pas l'unique acteur.


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