Après l'annonce de la cessation de ses activités le 6 mai dernier, pour effectuer son veuvage, à la suite de la mort de sa dernière épouse, la fille de son homologue du Congo (Brazzaville), le président gabonais Omar Bongo a été évacué à Barcelone, en Espagne, dans un établissement privé spécialisé pour observer un repos complet de trois semaines. Selon sa fille Pascaline, grande prêtresse du palais présidentiel, Bongo se porterait bien. Durement frappé par la perte d'Edith née N'guessou, Bongo avait annoncé auparavant s'arrêter momentanément, comme le veut la tradition gabonaise, pour se ressourcer. En outre, et même s'il paraissait ne pas l'être, le président gabonais a été également profondément affecté par les révélations de la justice française à propos de ses biens en France et par la détermination de l'ONG Transparency international de le traîner dans le box des accusés pour malversations et dilapidation de biens du peuple gabonais. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il s'est résolu à ne pas se faire soigner à Paris, comme il avait coutume de le faire. Il a été évacué sur un hôpital espagnol. La fin de règne aurait-t-elle sonné pour ce septuagénaire, doyen des chefs d'Etats africains ? Bongo a fait une entorse à sa propre Constitution en désignant comme intérimaire son vice-président alors que d'après la Loi fondamentale du Gabon, la fonction présidentielle devrait être assurée par le président du Sénat en cas de “vacance de la présidence de la République, pour quelque cause que ce soit”. Toujours est-il qu'au Gabon ont commencé les manœuvres et luttes pour sa succession. Il y a d'abord son propre fils qui a toujours travaillé à ses côtés. Il est en pôle position dès lors qu'il occupe la charge de ministre de la Défense depuis 1999. C'est le dauphin, malgré les dénégations de son père qui a dit qu'il sera candidat en 2012 “si Dieu m'en donne encore la force”, au lendemain de sa réélection en décembre 2005. Le Gabon spécule, scrute et interprète les moindres faits et gestes de l'entourage de Bongo. Le pays est à l'heure de scénarios pour une succession qui obsède la classe politique depuis des lustres. Et, de toutes les hypothèses, celle d'un passage de témoin du patriarche à son fils Ali Ben revient le plus souvent. C'est le seul membre de sa nombreuse fratrie à occuper un poste stratégique dans les rouages de l'Etat. Quant à l'opposition, Bongo, comme ses pairs africains, s'est toujours arrangé pour la réduire à une portion congrue. Cela s'est fait avec d'autant de facilité que c'est la pièce maîtresse de la Françafrique.