Le gouvernement gabonais a voté hier à l'unanimité, la saisine de la Cour constitutionnelle pour constater la vacance du pouvoir au Gabon, au lendemain du décès du président Bongo. Après le décès du président gabonais, Omar Bongo Ondimba, le Gabon suivait hier dans le calme la voie constitutionnelle qui devrait aboutir à la nomination de la présidente du Sénat comme chef de l'Etat intérimaire avant l'élection. La dépouille mortelle de Omar Bongo, décédé à l'âge de 73 ans dans une clinique de Barcelone, «sera rapatriée jeudi», avait indiqué lundi soir un membre de la délégation gabonaise en Espagne quelques heures après l'annonce de sa mort. Les obsèques officielles devraient débuter vendredi au Gabon et se prolonger jusqu'à lundi. A Libreville, le gouvernement s'est réuni dès hier dans la matinée «afin de saisir la Cour constitutionnelle pour constater la vacance du pouvoir (...) conformément à la Constitution», a indiqué une source gouvernementale. Selon la Loi fondamentale gabonaise, une fois saisie, la Cour constatera la vacance et nommera donc la présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé, 66 ans, comme chef de l'Etat intérimaire. Celle-ci aura à charge de conduire le pays jusqu'à l'organisation d'un scrutin présidentiel dans les 45 jours au plus tard. «On suit la Constitution à marche forcée parce que le clan Bongo n'avait pas eu le temps de préparer autre chose. Il a été pris de court», a affirmé une source proche de la présidence. «Toutefois, jusqu'ici, cela ne pose pas de problèmes puisque tout le monde veut la paix». «Mais il y a un problème majeur: les listes électorales», a relevé cette source. «Organiser des élections démocratiques en 45 jours est impossible. Si on regroupait toutes les listes locales, on aurait 2 millions d'électeurs...» pour une population totale estimée autour de 1,5 million, souligne-t-elle. La présidente du Sénat tentera-t-elle malgré tout de tenir le délai? «C'est probable qu'il y ait un accord pour qu'on étende le délai d'organisation de l'élection présidentielle. Tout le monde est d'accord: le gouvernement, le clan Bongo, comme l'opposition», répond cette source. Un ancien éditorialiste du quotidien national L'Union soutient aussi qu'«il y aura une élection car c'est le seul moyen de préserver ses biens pour le clan Bongo». «Mais quoi qu'il se passe, (elle) sera forcément contestée», estime-t-il. La situation était très calme à Libreville. Des forces de l'ordre étaient présentes aux points névralgiques. Des militaires avaient pris place à la Télévision nationale. Deux camions de gendarmes étaient postés sur le Boulevard Triomphal Omar Bongo Ondimba où se trouvent l'Assemblée nationale, le Sénat, de nombreux ministères et ambassades. L'activité était normale. La circulation était un peu moins dense que d'habitude, mais les commerces et boutiques étaient ouverts, les ouvriers dans les chantiers et usines travaillaient. «C'est comme tous les mardis, on ne note pas de différences», dit une employée d'une galerie commerciale. Au plus grand supermarché de la ville, les «parkeurs» (gardiens de parking) constataient, eux aussi, une activité normale. «Lundi, c'était la folie après l'annonce de la mort du président. Les gens se sont rués ici pour faire des stocks mais aujourd'hui, c'est la vie normale», souligne l'un d'entre eux, sans vouloir décliner son nom. Les attroupements sur les voies et places publiques sont interdits à Libreville par la mairie depuis lundi mais la succession du président est dans toutes les conversations. «Le président Bongo est mort. Maintenant, il faut voir l'avenir. On espère que les choses vont changer. Rien ne pouvait changer tant qu'il était là. Il faut arrêter les passe-droits, les salaires fictifs aux "amis", la corruption, la société à deux vitesses», souligne sous couvert de l'anonymat une jeune femme. Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d'Etat africains en exercice, était au pouvoir depuis 41 ans.