Le journaliste politique Eric Zemmour est passé de l'anonymat de l'écrit à la célébrité médiatique, en devenant la personnalité la plus polémique de la télévision française. Né en 1958 à Montreuil-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, dans une famille de juifs berbères algériens venue en France après la guerre de libération, il tente deux fois – en vain – le concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration (Ena) avec un diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris. A défaut de pouvoir entrer dans le milieu politique, il décide d'en étudier les rouages. Il devient alors journaliste et collabore avec Le Figaro et Marianne et écrit plusieurs livres. Dans son dernier ouvrage Petit Frère (Denoël), il dresse un portrait peu flatteur de la société française actuelle : «C'est la ”brésilianisation” qui nous menace : ségrégation raciale, milliardaires à foison et appauvrissement de la classe moyenne. Misère du monde aux portes des antiques cités. La Défense sera notre Brasilia. Et la Seine-Saint-Denis, nos favelas.» Ce n'est qu'en 2006 qu'Eric Zemmour entre dans la petite lucarne et développe son style de chroniqueur si particulier. Pas question de flagorneries. Quand un journaliste lui demande d'où lui vient cette rage, il répond : «Mon père dit que c'est le souffle de l'Algérie d'où nous venons. Autour de la Méditerranée, on aime ces discussions-là. Je ne crois pas être méchant. Enflammé, oui, même quand j'étais enfant.» La provocation comme marque de fabrique Eric Zemmour n'a pas la langue dans sa poche et cela en agace plus d'un. Invité à débattre sur le métissage dans l'émission d'Arte « Impertinente », présentée par Isabelle Giordano, l'éditorialiste a notamment déclaré qu'il existait «des races» reconnaissables «à la couleur de peau». Et d'argumenter sa pensée : «J'ai le sentiment qu'à la sacralisation des races de la période nazie et la précédente, a succédé la négation des races.» Deux attitudes qu'Eric Zemmour a qualifiées d' « aussi ridicules l'une que l'autre». Apostrophé par les autres invités, notamment par Rokhaya Diallo, jeune Française d'origine sénégalaise, le chroniqueur a alors lancé : «J'appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire !». Face à la députée française noire Christiane Taubira, le polémiste va encore plus loin sur l'esclavage : «L'esclavage des Noirs a été inventé par les Noirs, en Afrique. Ce sont eux (les Noirs) qui vendent les autres Noirs, parce qu'ils n'ont aucune conscience de la fraternité noire. Et ce sont les Arabes qui ont répandu les esclaves dans tout le monde entier.» La banlieue contre Eric Zemmour Ainsi le rappeur Youssoupha dans sa chanson A force de le dire déclarait : «La télé, souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète, on dit qu'c'est nous, j'mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Eric Zemmour.» Résultat : Eric Zemmour porte plainte pour «fait de menaces de crime» et « injure publique». Le rappeur jouit, quant à lui, d'une bonne pub. Le présentateur de France 4, Yacine Bellatar, a également décidé de surfer sur la vague Zemmour pour lancer un nouveau site internet au nom explicite : www.fermelazemmour.com. Le principe est simple : une photo d'Eric Zemmour avec un scotch sur la bouche est disponible sur le site : il suffit ensuite de la coller sur un tee-shirt, de se prendre en photo avec et de rejoindre sur le site le camp de ceux qui ne veulent plus entendre le chroniqueur. Lors de son émission «Le Bellatar Show» sur France 4, l'animateur avait affirmé que les propos du chroniqueur de l'émission «On est pas couchés» de Laurent Ruquier sur France 2 était «nocifs et méchants». Mais que celui-ci se rassure, des sites de défense fleurissent aussi sur le web, notamment sur Facebook. Certains l'adorent, d'autres le détestent, mais une chose est sûre : beaucoup le regardent. Laurent Ruquier l'a déjà annoncé, Eric Zemmour retrouvera sa place de polémiste «tonton flingueur» à la rentrée prochaine.