Michael Jackson s'en est allé très tôt, trop tôt, rejoindre le panthéon pavé d'une légion de ces chanteurs immortels, partis prématurément et ayant juré avec la gérontologie comme Otis Redding, Jimi Hendrix, Elvis Presley, Bob Marley, John Lennon, Marvin Gaye…Cependant, l'écho de sa disparition a eu l'effet d'une bombe, d'une onde de choc et voire d'un tsunami mondial à l'image d'Elvis Presley et John Lennon. La mort brutale de Michael Jackson aura réussi contre toute attente à rassembler les fans de la première heure et de celle de la nouvelle génération. Il a su, à titre posthume, réunir et fédérer ses admirateurs aux quatre coins de la planète autour de sa musique. Une mélomanie universelle. Une «jacksonmania» anachronique puisque post-Thriller (1982) faisant démentir les plus circonspects. C'est dire de la célébrité dont il jouissait. Il faut souligner que Michael Jackson, était, est et sera toujours ce charismatique, emblématique et énigmatique chanteur d'obédience de Tamla Motown ce label musical afro-américain de Détroit ayant découvert, promu et boosté la carrière discographique de Diana Ross, les Supremes, Four Tops, The Temptations, Marvin Gaye, The Commodores, Lionnel Ritchie, Martha and The Vandellas… qui verra son étoile filante monter et briller au firmament et ce, au sein de sa fratrie, la formation filiale des Jacksons Five aux côtés de ses frères Germaine, Marlon, Tito et Randy (et épisodiquement en guest-star ses sœurs Latoya et Janet). Après, en 1979, il bousculera l'establishment musical de l'époque dominé par le disco en sortant l'album solo au succès d'estime Off The Wall recelant le très remuant titre Funky-disco-electro-soul Don't Stop ‘Til You Get Enough ou encore Rock with You. Et là, nous avons déjà des prémices d'un «funk soul brother» (comme dirait Fatboy Slim) et avec son «primal scream» (cri primal) et sa voix suave, moelleuse et délurée et puis cette agilité chorégraphique filant des complexes à ses pairs (pères oui !) de l'époque Donna Summer, ABBA, Bee Gees et Rod Stewart. Serial Thriller I C'est l'avènement du péril jeune ! L'écoute de Don't Stop ‘Til You Get Enough est immanquablement une invitation à pousser les meubles de la maison et de s'éclater. Tant c'est un groove jovial ! C'est sûr, Michael jackson se défaussant du groupe The Jacksons fera ses preuves mais pas par 5. Ainsi, avec l'album Thriller, Michael Jackson marquera de son empreinte personnelle et personnalisée sa désormais marque de fabrique, et ce, en négociant un grand virage de la musique, en matière de «manœuvres orchestrales» comme dirait l'OMD. Michael Jackson est en fait l'«Obama» de la musique avant l'heure. Il réussira ce que d'autres artistes afro-américains n'ont pas pu réaliser comme James Brown ou Aretha Franklin. Il a eu la géniale et brillante idée de faire sortir la musique black du ghetto sous la classification imposée «race music» et de la «démocratiser urbi et orbi» à l'endroit d'un public blanc avec le mythique album Thriller. De la soul (pas le groupe de rap), du funk, du rock, de la pop… Et puis, aux manettes instrumentistes, un certain Quincy Jones ayant déjà officié aux côtés des Beatles et Frank Sinatra. Un direction orchestrale organique, synthétique, électrique et dance élégamment goupillée par Quincy Jones de par une dextérité conférant à ce produit d'appel «rabattant le chaland». Une estampille planétaire. La preuve ! Jusqu'à aujourd'hui, Michael Jackson possède un record mondial ! 750 millions d'exemplaires de Thriller vendus dans le monde. Un LP comptant des titres comme Beat It où le guitariste Eddie Van Halen joue un solo tueur. Et du coup, il ne changera guère cette recette «miracle» mâtinant funk et riffs pop-rock. Il mettra à contribution de grands guitaristes comme Slash des Guns'n'Roses, Steve Lukather ou encore Jennifer Batten. Et des duos sont là pour affirmer et confirmer cette bonne intelligence. A l'image des tandems avec Paul MacCartney, l'ex-Beatles sur The Girl is Mine et Say Say ou Mick Jagger, le leader et chanteur des Rolling Stones sur State of Shock figurant sur l'album Victory des Jacksons 5 (1984). Du noir et blanc et plutôt du United Colors of Benetton. Et puis, Michael est le pionnier de l'Entertainement par excellence. Un chanteur et danseur d'une dimension exceptionnelle faisant dans le show physique, expressif et choral. Il entrera définitivement dans l'histoire à l'occasion de la célébration du 25e anniversaire de Tamla Motown en 1984. Michael Jackson «bluffera» le monde entier en montrant et démontrant pour la toute la première fois une performance spectaculaire sur Billie Jean. Il exhibera un pas de danse extraterrestre, le fameux Walkmoon (marche sur la lune). Un exercice de style chorégraphique et scénique où il avance à reculons s'inspirant du mime Marceau, Fred Astaire et surtout James Brown. Le grand frère spirituel de Justin timberlake Michael jackson est aussi le précurseur de l'avènement du clip. Il est celui qui a offert un nouveau support visuel et à l'effet boeuf à la musique contemporaine. Il fera accepter le son «black» à la chaîne musicale MTV alors hermétique à l'éméri. Le clip Thriller d'une durée de 14 mn, scénarisé et réalisé par John Landis est historique en ouvrant une voie royale et révolutionnaire à une nouvelle industrie du disque et du merchandising. Michael Jackson est aussi celui qui a lancé la «mode» du making-off (film du tournage de Thriller de 45 mn). Michael Jackson est aussi celui qui a su et pu réunir 45 voix autour de la chanson caritative et humaniste We Are The World en 1985 (après Do They Know It's Christmas initié par Bob Geldof en 1984) contre la faim en Afrique et plus en Ethiopie. Un titre cosigné avec Lionnel Richie (ex- Commodores) et dirigé par son alter ego Quincy Jones. Pour l'anecdote, Michael Jackson confiera avoir écrit We Are The Word en une seule nuit sur un… drap. We Are The World fut un casting de rêve : Kim Carnes, Harry Belafonte, Ray Charles, Bob Dylan, James Ingram, Michael Jackson, Al Jarreau, Billy Joel, Cyndi Lauper, Huey Lewis, Kenny Loggins, Willie Nelson, Lionel Richie, Kenny Rogers, Diana Ross, Paul Simon, Bruce Springsteen, Tina Turner, Dionne Warwick… Il est aussi auteur d'autres titres à la même veine altruiste, écologique et anti-belliqueuse comme Heal The World ou Earth Song. Par ailleurs, dans sa retraite au Bahrein durant deux ans — tournant le dos à une certaine Amérique l'ayant humilié — il interprétera un chant religieux musulman (medih) intitulé Give Thanks to Allah (Remercie Allah) avec des couplets entièrement en arabe et sans accent. Une prosodie arabisante sidérante. En mars dernier, Michaell Jackson, à la veille de la série de concerts prévus en juillet 2009 à Londres, avait tenu des propos prémonitoires en s'adressant à une foule de centaines de fans dans la salle de spectacle 02 Arena : «Ces concerts seront mes derniers shows à Londres. Je veux dire, quand je dis c'est la bonne, c'est la bonne, la dernière. Je vais interpréter ce que mes fans voudraient écouter. C'est la ‘‘der'', vraiment ! Le rideau final. Merci, c'est la bonne !» Avec sa disparition, quelque chose dans la musique s'est arrêté. Cependant, le legs et l'héritage «jacksoniens» sont désormais éternels et universels. Ils appartiennent déjà au monde entier. C'est sûr, Michael Jackson était un génie ! Il a assisté de son vivant à l'influence qu'il a eue sur de jeunes artistes. Il est leur grand frère spirituel. Ils s'appellent Sean «Diddy» Combs, Justin Timberlake, Usher, Chris Brown, Ne-Yo, Beyoncé… Ils ont «chopé» ses tics et tocs sur les plans vocal et chorégraphique. Bref, L'Invincible Michael Jackson semble leur dire : Don't Stop ‘Til You Get Enough (Ne t'arrête pas tant que ça ne suffit pas !). La légende du siècle continue !