Et cela concerne, surtout, la seule et unique plage du village. Elle est dans un état, le moins que l'on puisse dire, d'insalubrité totale. Le constat est amer, avilissant : toutes sortes de détritus, débris de verre, tessons de bouteilles, boîtes de conserve, plastique, troncs d'arbres, jonchent les lieux. A cela, il faut ajouter les eaux usées se déversant à ciel ouvert au niveau de cette plage pour aller mourir dans la mer, dans laquelle se baignent les vacanciers. En outre, les chemins menant à la calanque et à la baie Ouest, l'une des plus belles au monde, sont devenus carrément, a-t-on constaté sur place, un dépotoir où l'on jette, pêle-mêle, des tas d'ordures ménagères dégageant des odeurs nauséabondes qui agressent le flair. Et pour couronner le tout, la présence en force des ovins et bovins. Les rares baigneurs rencontrés encore sur les lieux après les émeutes (marins-pêcheurs contre garde-côtes) ayant dernièrement secoué le village, s'interrogent sur « l'absence totale des autorités de la ville où l'on signale également des batailles rangées entre des groupes d'individus du côté des pavés du port». Mieux encore, cette infrastructure portuaire qui était, il n'y a pas si longtemps, le temple des touristes durant les soirées d'été, est aujourd'hui aux mains des toxicomanes qui règnent en véritable caïds. D'ailleurs, la consommation de boissons alcoolisées et de drogue s'y fait au grand jour, selon des vacanciers. Un jeune chômeur du village a tenu à dénoncer le manque d'intérêt pour le secteur du tourisme, générateur de richesses et d'emploi, affiché par les pouvoirs publics. «Au moment où d'autres régions développent un nouvel esprit pour attirer le maximum de touristes, à l'image de nos voisins de la Marsa (Skikda), ce n'est pas le cas malheureusement pour Chétaïbi, qui est totalement en décalage dans ce domaine», dit-il. Dans ce contexte, d'autres villageois relèvent le manque d'investissements conséquents, susceptibles de faire sortir leur village du marasme. Ils affirment qu'en matière de tourisme, Chétaïbi est en chute libre. Le manque d'infrastructures d'accueil (hôtels et restaurants) se fait énormément sentir. Les touristes n'ont à leur disposition, en fait, que la location d'appartements, hors de prix pour beaucoup d'entre eux. Ce déficit est l'une des raisons d'ailleurs qui pousse les vacanciers à aller voir ailleurs, selon les villageois, qui indiquent que «le nombre de touristes est chaque année revu à la baisse sans que les responsables du secteur en tirent les conclusions». Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent ici et là. Un minimum aurait certainement permis de faire sortir Chétaïbi de cet isolement qui en dit long, par ailleurs, sur la politique de développement local dans la wilaya de Annaba, même si, il est vrai, il n'y a jamais eu de véritable politique relative au tourisme dans le pays en général.