Oujda (Maroc). De notre envoyé spécial Chaque jour (surtout la nuit) que Dieu fait et que d'innombrables quantités de divers produits algériens, alimentaires et pétroliers notamment, entrent clandestinement au Maroc et autant de produits marocains en général prohibés atterrissent à Maghnia pour être acheminés vers l'intérieur du pays et les saisies qui s'opèrent par les services de sécurité et de répression des fraudes ne semblent pas dissuader pour autant les «trabendistes» des deux côtés qui, apparemment, doublent chaque jour leurs cargaisons et paradoxalement le Souk El Fellah (appellation empruntée d'Algérie) d'Oujda qui offre aux consommateurs locaux que des produits de la «sœur Algérie» et qui s'est agrandi depuis la décision de la fermeture des frontières terrestres prise unilatéralement par l'Algérie suite à la décision de Hassan II, consistant en l'exigence aux Algériens d'un visa d'entrée en terre marocaine. Le plus étonnant est qu'à l'intérieur de ce même souk, on y trouve en plus des tonnes de sucre, de semoule, de farine, de margarine, de produits laitiers et cosmétiques, des quantités industrielles de baignoires longues d'un mètre et demi et plus chacune, des grandes et lourdes portes et portail made in Algeria et pratiquement toute la gamme des produits électroménagers ENIE de Sidi Bel Abbès et même de grands engins agricoles «importés» illégalement d'Algérie. A se demander comment tout ce matériel et cette marchandise ont pu être acheminés et sur quels engins ont-ils été transportés pour arriver intacts à Oujda. Le même constat est à faire de l'autre côté de la région orientale marocaine, notamment dans les villages qui longent toute la bande frontalière allant de Beni Drar à Nador, où de vastes magasins regorgent d'essence et de gasoil algérien au point que toutes les stations d'essence de ces régions ont fermé, laissant le champ libre aux vendeurs à la sauvette des produits pétroliers algériens. Ceux-ci sont cédés à moins de 50% par rapport au prix de l'essence local. Ce qui a laissé dire à un chauffeur de taxi marocain, assurant la ligne Oujda-Saïdia, s'il arrivait un jour que sa région ne soit plus «approvisionnée» par le gasoil et l'essence algériens, il changera de métier. Les trabendistes algériens spécialisés dans ce genre de trafic sont connus sous le nom de «hallaba» et l'entrée des personnes au Maroc est assurée par un réseau de passeurs exigeant 50 euros par tête de pipe et le voyage clandestin se déroule par voiture assure-t-on ici à Oujda.