A l'Etusa, on commente avec une certaine prudence sémantique le partage du marché avec la société privée Tahkout. «Nous sommes complémentaires d'autant que de nouvelles universités vont bientôt ouvrir leurs portes. Il y a 600 000 étudiants. Le nombre d'étudiants est tellement important que les deux opérateurs (Etusa et Tahkout, en l'occurrence) ne suffiraient pas à répondre à la demande», nous a dit Aït Naâmane Athmane, chargé de la communication à l'Etusa. Le come-back de l'Etusa dans le transport universitaire serait intimement lié à la construction de nouveaux campus universitaires. Pour l'heure, a expliqué notre interlocuteur, le cahier des charges n'a pas été défini. Les lignes assurées par l'Etusa ne sont pas encore connues dans le détail. M. Boutebba, secrétaire général du syndicat de l'Etusa, ne cache pas sa satisfaction de voir son entreprise revenir sur le marché du transport universitaire. «Cette décision interministérielle a été un beau cadeau. J'espère qu'il y en aura d'autres», fait-il remarquer. Le syndicat de l'Etusa exprime ses inquiétudes face à une rumeur, relayée par des journaux arabophones, qui laisse penser que la société privée Tahkout envisagerait de se lancer dans le transport urbain. «J'ai entendu cette rumeur. Si tel était le cas, nous continuerons notre travail le plus normalement du monde en respectant notre cahier des charges», nous a affirmé le représentant de l'Etusa qui dit ne pas avoir de détails sur le sujet. Le syndicat promet de belles empoignades si M. Mahieddine Tahkout investissait le marché du transport urbain. «Il n'y a rien d'officiel sur cette question. Nous avons contacté la direction des transports, c'est le flou le plus total. Mais si cette rumeur se révélait exacte, nous ne l'accepterions pas !» prévient-il. Le fait est que l'ancien ministre des Transports, le défunt Mohamed Maghlaoui, avait opposé un refus catégorique à la demande de Tahkout d'investir le marché du transport urbain. Contacté au téléphone, les responsables de la société Tahkout n'ont pas souhaité répondre à nos questions. «Qui nous dit que ce n'est pas une société concurrente qui cherche à soutirer des informations», nous a-t-on signifié. Il est à rappeler que la société Tahkout dispose d'un parc de 2300 bus. De son côté, l'Etusa poursuit l'assainissement de sa situation financière. La concurrence entre les deux opérateurs s'est faite sentir lors du dernier Festival panafricain. Le syndicat de l'Etusa y a dénoncé le «favoritisme» envers la société de Mahieddine Tahkout. «La décision a été prise de renforcer les lignes, sans sujétion ni subvention au moment où toutes les prestations de transport et les marchés juteux ont été attribués à des concurrents», avaient dénoncé les membres du syndicat dans leur communiqué.