Vous avez parrainé la cérémonie de remise de diplômes aux lauréats de la 4e promotion de MBA issue du partenariat entre la Sorbonne, l'IAE et le MDI-Alger, Qu'est-ce-qui a, selon vous, motivé ce choix ? Quand on est, comme je le suis, convaincu que le sort des petites et moyennes entreprises est étroitement lié au niveau de formation de leurs cadres dirigeants et de leurs ressources humaines en général, soutenir des institutions de formation aussi prestigieuses que la Sorbonne, l'IAE et le MDI-Alger, constitue pour moi un devoir et un honneur. C'est pour cela que j'ai accepté cette charge dès qu'on a fait appel à moi. Et j'ai été magnifiquement payé en retour, en constatant les résultats très encourageants obtenus à la faveur de ce fructueux partenariat, qui a déjà fourni à nos entreprises, par conséquent à notre pays, des dizaines de tops managers prêts à relever les défis de la performance et de la compétitivité, aujourd'hui maîtres mots de la mondialisation économique. Ils arrivent à point nommé pour combler le vide laissé par notre appareil de formation encore mal adapté au monde des entreprises. Ces managers formés aux méthodes modernes de gestion produiront, j'en suis convaincu, immédiatement ou à terme, des effets bénéfiques pour nos PME qui, de par leur nombre et la diversité de leurs activités, constituent comme vous le savez le socle des économies performantes. Est-ce à dire que les cadres gestionnaires que forment nos universités ne sont pas prêts à assumer des responsabilités managériales dans les entreprises qui les emploient ? Quand bien même nos universités et centres de formation prodigueraient, mais j'en doute fort, des enseignements de qualité, il me paraît invraisemblable qu'un universitaire fraîchement diplômé puisse assumer des responsabilités managériales ou autres, auxquelles il n'est du reste pas préparé. Une formation supplémentaire qualifiante dans un institut spécialisé me paraît donc indispensable pour que l'entreprise puisse employer aussi efficacement que possible ces nouveaux diplômés. La formation en alternance entre l'université et l'entreprise est une pratique courante à travers le monde, car elle permet aux nouveaux diplômés de découvrir leurs vocations professionnelles et les connaissances précises à acquérir pour évoluer dans les carrières choisies. A travers les gros budgets affectés au secteur de l'enseignement, il est indéniable que l'Etat accorde beaucoup d'intérêt à la formation. Est-ce que l'Etat n'en fait, selon vous, pas assez pour promouvoir davantage la formation au profit des entreprises ? Il est vrai que l'Etat fait beaucoup en matière de formation, mais malheureusement sans grande efficacité. Le secteur de la formation professionnelle est tellement dilué dans son organisation, qu'on a beaucoup de mal à comprendre comment son action se traduit concrètement sur le terrain. Au niveau de l'application, cela se passe très mal, notamment lorsqu'il s'agit de coordonner les actions menées à divers niveaux territoriaux, comme les communes et les wilayas qui n'arrivent pas à nous fournir des candidats formés aux conditions souhaitées par les entreprises, malgré des statistiques de formation impressionnantes. Je souhaite bien évidemment que l'Etat renforce son soutien à la formation pour les besoins des entreprises, au moyen d'incitations fiscales et d'encouragements multiformes à la constitution de partenariat entre les PME et les institutions publiques de formation professionnelle et universitaire. Etes-vous de ceux qui pensent que lorsqu'une PME est entre les mains de ressources qualifiées, son développement est assuré ? Une formation adaptée aux exigences de l'entreprise, soutenue par un contrat de formation alternative avec une institution de formation est, j'en suis convaincu, la clé la plus efficace pour atteindre cet objectif. A défaut, l'entreprise sombrerait dans la routine, avec tous les risques d'être débordée par les concurrents qui ont fait l'effort de mettre à niveau la formation de leurs ressources humaines. Parce qu'ils sont mal payés, ces cadres formés à grands frais ont tendance à quitter leurs sociétés et souvent même leur pays pour se faire embaucher à meilleurs prix et conditions de travail à l'étranger. C'est un problème qu'on ne peut pas ignorer... La question ne réside en fait pas dans le diplôme. Chaque entreprise a ses spécificités et ses exigences et, tout le problème consiste à trouver le deal qui arrange à la fois l'entreprise et le diplômé. Un bon deal ouvrirait la voie à un arrangement commun, permettant au nouveau diplômé de se stabiliser en évoluant dans l'entreprise avec un salaire indexé, autant que possible, sur son niveau de productivité. Une bonne fiche de paie devrait être le couronnement d'une bonne formation adaptée aux besoins de l'entreprise. Rien n'empêche nos entreprises privées de suivre cette logique et je sais qu'elles sont déjà nombreuses à le faire. Pour le secteur public régi par des grilles de salaires imposées par l'administration et les conventions collectives, cela paraît beaucoup plus compliqué. Je demeure toutefois convaincu qu'il est temps de légiférer dans ce domaine pour améliorer cette politique salariale qui est à l'origine de la grande déperdition de cadres qui affecte surtout les entreprises et institutions publiques.