Reda Gaci est commissaire du Vespa Club d'Alger, un club fondé en 1955. Arrivé à la tête du club en 1998 – «une période très pauvre en termes de plaisir malheureusement» – sa communauté compte une dizaine de membres. «Hélas, les sorties sont de plus en plus rares. L'état des routes, l'irrespect des automobilistes, les difficultés de trouver des pièces pour nos anciens scooters… tout cela fait que maintenant nos Vespa restent au garage.» Réda parle avec nostalgie de ses années scooters et de ses chevauchées à travers l'Europe. «Grâce à la Vespa, j'ai découvert l'Europe, les peuples, les cultures et les religions. J'avais la sensation de pouvoir aller toujours plus loin.» La France, la Hollande, la Belgique, le Portugal, l'Espagne : il a laissé sa trace dans presque tous les pays européens. A chaque étape, il a collé un sticker sur son scooter, histoire d'immortaliser ses souvenirs. «La Vespa c'est l'aventure au coin de la rue ! Car son réseau est universel. Il existe un Vespa World Club, qui relie tous les Vespa clubs du globe. Au-delà de la route, de la mécanique, ce sont les rencontres et l'humain qui nous relient !» Ses propos expliquent à eux seuls le succès des Euro-Vespa, ces rassemblements officiels organisés par Piaggio, pouvant rameuter près de 5000 «vespistes», et dont le prochain se tiendra au Portugal début juillet. Les années passant, sans pour autant délaisser la Vespa, il s'est pris de passion pour la moto. Avec son ami Chakir, un mécanicien aux doigts de fée, ils se retrouvent deux fois par mois avec une dizaine d'autres motards pour arpenter les routes du pays. «La passion de la route, par nature, transcende les frontières. Je ne comprends pas pourquoi les politiques ne font rien pour promouvoir cette passion qui incite à l'échange et la découverte», explique Chakir. A la manière du Vespa Club, la Ligue motocycliste d'Algérie a été fondée le 8 janvier 1951 par El Mansali Reda, le père de Chakir. «La période d'avant 88 était formidable. Il y avait une activité incroyable dans le milieu de la moto. On trouvait même des tournois de moto-ball !», s'exclame-t-il. Bien loin des préoccupations économiques, Chakir et Réda soufflent un air de passion sur ce phénomène tout de même très commercial. «La moto, nous la prenons comme une thérapie, ensemble sur la route, nous oublions nos tracas.»