Une porte verte, massive, constellée de clous décoratifs en laiton qui s'ouvre du côté sud de l'édifice, invitant les visiteurs, qui se retrouvent de plain-pied dans l'enceinte du palais : dès l'entrée, par la place Si El Haouès (ex-place Générale), un charme étrange se dégage du bâtiment, tant les lieux sont éloquents. C'est le rez-de-chaussée. A peine quelques petites marches escaladées, on accède au hall tout en marbre, aux colonnades d'albâtre et aux murs revêtus de faïences mauresques, dans lequel se trouve à gauche, Dar Fatoum, l'appartement de la favorite du bey. Tous les plafonds sont ornés de luminaires en cuivre jaune. A droite, nous accueille, dans une orgie florale, le grand jardin des Palmiers, distinct de l'autre, celui des Orangers, dans lequel, raconte-t-on, Napoléon III avait planté deux cèdres du Liban, et au milieu duquel trône une vasque de marbre avec jet d'eau. Au-dessus des panneaux, s'esquisse une fresque étonnante qui rend compte du périple entrepris par Ahmed Bey pour arriver aux Lieux Saints de l'Islam. On peut y admirer Tunis, la Goulette, Tripoli, le port d'Alexandrie, avec des frégates toutes voiles hissées, et Le Caire, avec ses mosquées, puis, comme un livre d'images géant, la fresque se redéploie encore vers tous les murs intérieurs. C'est durant ce périple accompli avant son intronisation que le futur Ahmed Bey, fasciné par les villas et les palais visités en Orient, décidera d'édifier un ksar somptueux, n'ayant rien à envier aux plus belles demeures de l'époque. Pour cela, il en confia, en 1826, la construction à deux illustres artisans algériens formés à Tunis et Alexandrie, dont le fameux El Hadj Youcef Barrar, que le souverain vassal fait venir d'Egypte, alors que les vitraux et les ouvrages de ferblanterie seront exécutés par des juifs de Tunis. Selon certaines sources historiques, le bey, soucieux de l'originalité des ouvrages d'ornementation, chargera un commerçant génois de faire venir les matériaux nécessaires. On y trouve des faïences italiennes et espagnoles, aux bigarrures florales et végétales, garnissant les lambris des murs du palais, notamment ceux du rez-de-chaussée et de la galerie du premier étage. Les appartements du bey communiquent avec le harem et la chambre des baigneuses. Ce sont des salons mauresques, en forme de T, comprenant tous des boudoirs, qu'on appelle «maksouras». Plus loin, vers le sud, c'est la salle du Diwân, ou d'audience, où ce dignitaire administrait les affaires de la cité. Les sous-sols, qui servaient d'écuries à l'époque ottomane, seront plus tard transformés en geôles par les Français. D'innombrables pièces garnissent l'étage. Toute la nostalgie des splendeurs orientalistes plane sur ces lieux au faste discret, où ce sultan ne vécut, avec sa suite, que deux années, de 1835 à 1837. Pour rappel, le palais du bey, devenu le siège de l'état-major de l'armée française après la prise de Constantine, le 13 octobre 1837, a été classé monument historique par les autorités coloniales en 1935. L'actu Le palais vient de rouvrir ses portes au public. Il avait fermé en 1985 pour des travaux de restauration. Les faits La restauration du palais est finie à 80%. Il reste les colonnes et les marbres à terminer, ainsi que la polychromie (peinture murale), dont l'étude est également à actualiser, et aussi un gardiennage digne de ce nom, avec des caméras vidéo.