«Nous avons été agréablement surpris par cette nouvelle, s'enthousiasme Toufik Lechab, chef du service protection de la faune et la flore, d'autant que l'animal n'a pas encore atteint l'âge de fécondité, estimé à trois ans ! Car pour l'instant, la biche n'a que deux ans. Nos agents ont pu constater mais surtout entendre, lors de leur tournée de surveillance, les cris du cerf, celui-ci était en période de brame, laissant présager un futur accouplement…» L'opération de réintroduction, dans l'enclos de plus de 56 ha dans la zone boisée du pic de Tarres de 2008, avait aussi concerné un cerf de Barbarie mâle et une femelle. Mais quelques jours seulement après son introduction, la femelle est morte. L'hypothèse retenue par les spécialistes pour expliquer ce décès soudain est le probable surdosage du concentré d'aliments. «La femelle aurait consommé les rations des deux autres mammifères», précise Toufik Lechab. L'objectif de cette opération : le repeuplement de l'espèce, proche cousin du cerf d'Europe, qui vit essentiellement dans les forêts denses de chênes- lièges et de maquis de l'Est algérien (Skikda, Annaba, El Kala…). Menacé d'extinction, le cerf de Barbarie est devenu au fil des années une espèce de plus en plus rare, décimée par des chasses abusives et le braconnage à la frontière algéro-tunisienne au niveau d'El Tarf, Bouchegouf et Souk Ahras (qui semble être sa limite sud). Encourager l'écotourisme Créer une réserve où il sera protégé, élevé et sa prolifération assurée devenait pour les spécialistes une nécessité absolue, tâche à laquelle se sont attelés depuis quelques années déjà les chercheurs du centre de Zéralda. Selon une étude relative à cette espèce et réalisée par le centre cynégétique, «le cerf de Barbarie, comme son nom l'indique, est une espèce propre à l'Afrique du Nord, précisément au Nord de l'Algérie et de la Tunisie. Ce dernier a vu son aire de répartition se rétrécir avec le temps, alors que sa présence au quaternaire couvrait tout le Tell oranais et même le centre du Sahara.» La réussite du repeuplement suscite déjà la curiosité des riverains résidant dans les zones limitrophes de l'enclos puisqu'ils ont été nombreux à «visiter» les lieux : «Nous espérons, grâce à cette opération, encourager l'écotourisme et inculquer cette culture aux plus jeunes en organisant, dans un futur proche, des sorties éducatives au profit des écoliers», souligne Toufik Lechab. Mais pour que ce repeuplement soit durable, les mesures contenues dans le programme de protection de cette espèce doivent être poursuivies, telles que le développement des plantations forestières, la lutte contre les incendies de forêt et le raccordement de la réserve de Collo avec d'autres parcs forestiers voisins.