Au moment où son usine en Allemagne effectue les derniers essais et retouches avant d'entrer en production, le groupe Cevital fait face à un nouveau blocage en Algérie. Il devait, comme attendu, sortir des entrepôts des Douanes la machine EvCon DL 2300A5 avant-hier, dimanche, en application d'une décision de justice, grande fut sa surprise en arrivant sur les lieux. «Nous avons appris qu'elle fait l'objet d'une nouvelle mesure de rétention», a déclaré le groupe de l'homme d'affaires Issad Rebrab, le même jour en début de soirée. En dépit d'une décision de justice du tribunal de Boudouaou (Boumerdès) basée sur les rapports de deux experts qui ont confirmé les caractéristiques de l'équipement destiné à EvCon Industry et tranché que la valeur déclarée correspond à sa valeur réelle, les services de Douanes s'entêtent à ne pas entendre raison et refusent toujours de mettre en application un jugement à caractère exécutoire de la justice qui les oblige non seulement à libérer la machine du groupe Cevital, mais de «la restituer immédiatement sans condition ni restriction, tout en l'exemptant de tous les frais liés à son séjour au niveau des entrepôts de la Douane qui assume également les frais de justice». La justice a même rejeté l'appel interjeté par les mêmes services. Tout le monde s'attendait alors au dénouement de cette affaire à la fin de la semaine écoulée. Le groupe Cevital avait grand espoir de récupérer sa machine dimanche, lui qui avait sollicité le directeur général des Douanes, le ministre des Finances et même le Premier ministre pour intervenir et faire appliquer le jugement exécutoire du tribunal de Boudouaou. Les responsables du groupe se sont même déplacés au port sec de Boudouaou, mais ils en sont revenus bredouilles en apprenant sur place que l'équipement d'EvCon Industry fait l'objet d'une nouvelle mesure de rétention. Retour donc à la case départ ? Le groupe Cevital n'a aucune réponse, pendant que son équipement ultrasensible encourt le risque de subir de graves dégradations dues aux intempéries. La «main invisible» que le groupe de l'homme d'affaires Issad Rebrab accuse semble avoir le «bras long». «Qui veut priver l'Algérie de cette industrie du futur et pourquoi ?» se retrouve-t-il encore à s'interroger, alors qu'il s'apprête à lancer son centre de production de membranes de troisième génération en Allemagne. Son usine de production située à Larbaâ Beni Moussa, dans la wilaya de Blida, aurait pu être aujourd'hui en activité, si les équipements d'EvCon Industry n'étaient pas bloqués depuis juillet dernier. Six mois n'auraient-ils pas suffi pour lever les «soupçons de surfacturation», comme le prétendent les services des Douanes qui ont eu la réponse cinglante du groupe Cevital, bien conforté par les rapports de deux experts désignés par la justice et la décision sans appel du tribunal de Boudouaou. Il serait curieux de connaître l'épilogue de cette affaire qui prend les relents d'un véritable sabotage de l'économie nationale et non pas de l'investissement de Cevital, qui promet d'engranger de grosses rentrées en devises pour le pays ; 15 milliards d'euros.