Le vol 6236 de la compagnie Air Algérie, qui devait décoller à 21h30, samedi dernier, de l'aéroport Houari Boumediène, à Alger, est arrivé à sa destination Ghardaïa à 7h30, le lendemain matin. L'avion n'a pas été avalé par un vortex. L'explication de ce record n'est d'ailleurs pas d'ordre surnaturel. En fait, ce fut là, selon les analystes, un congrès d'« incidents techniques de dernière minute ». Les passagers n'avaient pas été prévenus. Ils ont quitté l'avion, auquel on les a reconduits à 23h30, pour retourner en salle d'embarquement et attendre le décollage d'un nouvel appareil à 2h. Changement dans le cahier de bord, l'avion fera escale à Djanet avant de revenir sur l'aéroport de Ghardaïa. Touristes étrangers pour une bonne partie visitant pour la première fois l'Algérie et ressortissants algériens résidant à l'étranger de retour au pays après une longue période d'exil ont fait la douloureuse épreuve du sentiment d'abandon en milieu organisé. Le personnel au sol de la compagnie, impuissant, ne pouvait répondre aux doléances des passagers. A cette heure indue, aucun service n'étant disponible à l'aéroport international. Magasins fermés, transporteurs routiers en état de désertion ou à l'affût du racket. A l'arrivée, dans la salle de réception de l'aéroport de Ghardaïa, un passager lâche essoufflé : « Le plus important, c'est qu'on est arrivé. » Si elle ne sert pas ses clients à temps, la compagnie nationale Air Algérie les aide à être philosophes.