La commission annonce que 35 plaintes seront traitées en priorité, car elles « pourraient influer sur le résultat des élections », a expliqué son président. La commission des plaintes électorales afghane a annoncé, hier, avoir reçu quelque 225 plaintes contre des irrégularités présumées commises lors des élections présidentielle et provinciales de jeudi, dont certaines pourraient affecter les résultats définitifs. Les accusations concernent essentiellement le bourrage d'urnes, l'intimidation d'électeurs, des violences ainsi que la qualité douteuse de l'encre indélébile servant à marquer le doigt des électeurs, a déclaré à la presse le président de la commission, Grant Kippen. « Au moment de la fermeture hier soir, la commission avait reçu environ 225 plaintes », a dit M. Kippen. Certaines plaintes contiennent de multiples accusations et d'autres pourraient encore être déposées devant la commission, une organisation indépendante, a-t-il précisé. « 35 plaintes seront traitées en priorité, ce sont celles que nous devons juger car elles pourraient influer sur le résultat des élections », a expliqué M. Kippen. Les premiers résultats partiels de l'élection présidentielle, la seconde de l'histoire de l'Afghanistan, sont attendus dans les prochains jours mais dépendent des enquêtes de la commission. Abdullah Abdullah s'est plaint de fraudes dans les médias, accusant notamment des agents électoraux d'avoir poussé des électeurs à voter pour M. Karzaï. « Nous sommes au courant de plaintes importantes concernant des irrégularités lors du vote dans des provinces touchées par des violences », a ajouté M. Kippen, précisant qu'elles concernaient notamment la province de Kandahar (sud), un bastion taliban. Selon M. Kippen, le résultat du vote ne sera certifié et annoncé que lorsque toutes les plaintes auront été examinées. Les premiers résultats sont attendus à partir du 3 septembre, et les résultats finaux en principe vers la mi-septembre. La commission des plaintes électorales est un organisme indépendant créé par la loi afghane pour enquêter sur tous les problèmes et plaintes relatifs aux élections. Abdullah Abdullah a dénoncé, hier, des « irrégularités et fraudes massives » en faveur de son adversaire Karzaï, dont des chiffres de participation qui auraient été gonflés dans le Sud. « Il y a des irrégularités, fraudes et tentatives de trucages massives », a déclaré Abdullah Abdullah à la presse, en se fondant notamment sur les rapports de ses propres observateurs sur le terrain. Selon de « nombreuses informations » reçues par son équipe de campagne, la participation annoncée dans certaines zones a été « quatre fois supérieure à ce qui a été compté en réalité », soit « 40 à 45% » au lieu de « 10% », et avec des votes qui « se sont portés sur le sortant » Karzaï, a-t-il indiqué. Ces irrégularités concernent des zones où la participation a été très faible, voire nulle, a-t-il précisé. Elles correspondent en général au sud et au sud-est, régions les plus touchées par les violences rebelles, où la participation n'a parfois pas dépassé 10%, selon des observateurs. M. Abdullah a dénoncé plusieurs fois ces derniers jours des irrégularités dans la région de Kandahar, la grande ville du sud. Il a ajouté que son équipe continuait d'enquêter, car « nous n'avons pas encore d'idée complète » de la situation. « Comme il s'agit d'un trucage massif, je pense que le peuple d'Afghanistan mérite de savoir ce qui est en train de se passer, et la communauté internationale mérite d'être au courant de nos inquiétudes », a-t-il dit. Toutes ces informations ont été transmises à la commission des plaintes électorales (ECC) pour qu'elle puisse enquêter, a-t-il ajouté. L'équipe d'Abdullah a annoncé avoir transmis 40 plaintes, la plupart dénonçant l'attitude de responsables locaux qui ont ordonné aux électeurs de voter pour Karzaï. Abdullah affirme depuis le lendemain du scrutin qu'il est en tête, tout comme l'équipe de Karzaï. Les résultats finaux ne sont pas attendus avant la mi-septembre.