Avec le mythique groupe «Pink Floyd» et, depuis 1985, en solo, Roger Waters marque encore la musique contemporaine. Annoncés parmi ses derniers, ses concerts à Bercy (Paris), prévus le 30 mai et le 30 juillet prochains, lui feront reprendre The Wall, cette formidable fresque dressée contre la bêtise et l'oppression. Né en 1943, près de Cambridge (Angleterre), Roger Waters n'a pas connu son père, mort en 1944 à Anzio, près de Rome, lors des ultimes batailles de la Deuxième Guerre mondiale. Ce traumatisme d'enfant l'a poursuivi toute sa vie et a déterminé ses engagements qu'il continue à honorer à l'âge de 68 ans. Les albums The Wall (1979) et The Final Cut (1983), sont d'ailleurs dédiés à son père. Il crée The Pink Flyod Sound (le son du flamant rose) en 1964 avec Syd Barret, Nick Mason (connus au lycée de Cambridge), Richard Wright, décédé en 2008, et David Gilmour, l'un des meilleurs guitaristes au monde qui, en 1968, remplace Syd Barret. Le groupe est d'abord versé dans la musique expérimentale, et c'est avec la musique du film More (1969) de Barbet Schroeder (réalisateur plus récemment de L'Avocat de la terreur sur Jacques Vergès) qu'il connaîtra le succès, au moment où les Beatles déclinaient. Signalons que More est passé à la Cinémathèque d'Alger, juste après son avant-première mondiale. Tous les autres albums du groupe confirmeront son ascension extraordinaire, The Dark Side of the Moon (1973), l'un des plus vendus de tous les temps, Wish You Were Here (1975), Animals (1977), etc. Roger Waters, leader et auteur principal, a été contesté à des moments ou à d'autres. Cette cause de dissensions finira par amener la dissolution du groupe qui ne se reconstituera qu'en juillet 2005 à Londres pour un concert unique à Hyde Park. A partir de là, Roger Water s'est efforcé à assurer sa présence artistique. En 1990, à Berlin, après la chute du Mur, il donne The Wall sur la Potzdamer Platz, devant 300 000 personnes. Mais ce n'est qu'à son troisième album solo, Amused to death (1992), critique féroce de l'abrutissement des gens par la télévision, et de son rapport à la guerre, qu'il connaîtra enfin le succès. Roger Waters, toujours engagé, s'est distingué ces dernières années par ses prises de position. En 2006, il défraie la chronique en répondant favorablement à l'appel de la société civile palestinienne au boycott d'Israël. Il déplace son concert prévu à Tel-Aviv pour protester contre le Mur de la Honte. Il déclare alors : «La souffrance endurée par le peuple palestinien depuis quarante ans d'occupation israélienne est inimaginable pour nous qui vivons à l'Ouest ; je soutiens leur lutte de libération.» En juin 2009, il visite le camp de réfugiés palestiniens d'Aïda et ajoute : «Les gens qui n'ont pas vu ce qui se passe ici ne peuvent pas imaginer quelle impression cela vous fait ; les malades, le bouleversement que vous ressentez dans votre cœur quand vous voyez cela, à quel point c'est déprimant.» Et, la même année, il apporte un soutien sans réserve à la Marche de la Liberté contre le blocus de Ghaza, multipliant les interventions, jouant une nouvelle version de We shall overcome (Nous vaincrons) «inspirée par le sort des Palestiniens — en lutte pour réaliser un Etat palestinien — et les horreurs de la guerre et du blocus qui leur sont imposés par Israël». Son rejet de l'injustice, de l'oppression et de la guerre sous toutes leurs formes, continue à animer l'orphelin de l'histoire qu'il est resté, sensible aux drames de l'Irak, de l'Afghanistan et de toutes les contrées en souffrance du monde, critique vis-à-vis des tromperies mondiales. Toujours «murophobe».