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François Mitterrand et le Maghreb : «Une politique au cas par cas, mesurée et prudente»
Publié dans El Watan le 18 - 06 - 2011

Jacques Fournier, secrétaire général adjoint de la présidence (1981-1982), ancien président de Gaz de France (1986-1988) ; Jean-Louis Bianco, secrétaire général de la présidence (1982-1991), ancien ministre (1991-1993) et Hubert Védrine, conseiller diplomatique (1981-1991) puis secrétaire général de la Présidence (1991-1995), ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2000) se sont attachés à expliquer la politique de François Mitterrand, ses positions, déclarations et actions en direction des pays du Maghreb pendant ses deux septennats (1981- 1995) et en tant que ministre de l'Intérieur et de la Justice pendant la guerre d'Algérie (son aval à l'exécution de la peine capitale à laquelle étaient condamnés les militants du FLN, notamment).
Sur ce dernier point, ils s'efforceront de justifier la position de Mitterrand dans le contexte factuel et politique de l'époque, soutenant qu'aucun responsable politique n'avait réclamé alors la fin de la peine de mort à l'encontre des nationalistes algériens, avançant que De Gaulle lui-même avait poursuivi les exécutions capitales alors que se déroulaient les négociations pour l'indépendance de l'Algérie.
Hubert Védrine rappelle que lorsque François Mitterrand est élu à la tête de l'Etat français, l'Algérie est indépendante depuis dix-neuf ans, le Maroc depuis vingt-cinq ans et la Tunisie depuis vingt-six ans.
Les relations du Président socialiste avec les pays du Maghreb ont connu «des hauts et des bas». Avec chacun d'eux, il a tenté d'établir des relations bilatérales «à peu près correctes». «Mitterrand n'est pas né de la dernière pluie. Quand il arrive à l'Elysée, c'est un homme politique expérimenté.» Il a essayé d'établir «les meilleurs rapports possibles, une politique assez fine, au cas par cas, avec chacun des pays ; ce n'était pas une politique maghrébine». «Il ne parle pas de question maghrébine, l'occasion ne s'étant pas présentée. Quand il y a eu des tentatives d'union maghrébine, on a applaudi.» «On a encouragé l'organisation d'une Union du Maghreb arabe», ou «les 5+5». Une initiative intéressante de Claude Cheysson, dans le cadre de la Méditerranée occidentale, qui aboutira plus tard avec le Processus de Barcelone.
Avec l'Algérie, Mitterrand voulait «la relation la plus apaisée possible, la plus utile possible». Il ne partageait pas la vision de Claude Cheysson, qui voulait une grande politique ; la vision de Mitterrand était plus mesurée, plus prudente, empirique et pragmatique, en laissant le temps au temps.
Il a commencé à avoir avec Chadli Bendjedid des rencontres informelles fréquentes. Hubert Védrine évoque une série de rencontres Mitterrand-Chadli dans la simplicité et la convivialité, dans des endroits agréables comme Tipasa ou Zéralda. Les meilleurs diplomates ou agents de renseignement des années 1980-1990 ne connaissaient pas bien le système algérien parce que «fermé».
Le moment difficile avec l'Algérie a été l'arrêt du processus électoral. «Personne n'avait rien demandé à la France, Mitterrand avait élaboré un communiqué avec ses collaborateurs dans lequel il pesait les mots», «pour ne pas se poser en donneur de leçons», mais «il ne pouvait se taire». «C'est entièrement faux qu'il ait été interrogé avant», avance Hubert Védrine. Et d'ajouter que François Mitterrand espérait la reprise du processus électoral. Dans cette période «proche des indépendances, donc de la guerre d'Algérie», Mitterrand est «obsédé par le sentiment de responsabilité».
Il a le souci de «ne rien dire qui complique et aggrave les choses». Hubert Védrine évoque la «controverse» sur la politique algérienne suscitée par une «confusion». «On reproche à Mitterrand ce qui a été dit par Mendès-France», soit que «l'Algérie c'est la France». Il en a été fait une «interprétation erronée». Selon Jean-Louis Bianco, la politique étrangère est «une affaire de relations personnelles, surtout dans ce cas-là, une affaire de temps, la politique étrangère s'insère dans une histoire à un moment donné, on n'était pas très loin des indépendances, notamment de la guerre d'Algérie». «Tout ceci s'est mêlé avec les émeutes dans les banlieues qui démarrent à la fin des années 1970 avec les jeunes Arabes de Lyon et de sa banlieue, avec le mouvement des beurs, avec la carte de séjour de dix ans accordée par Georghina Dufoix à la demande de François Mitterrand. Si j'en parle, c'est que peu avant la visite de Chadli en France, Mitterrand s'est adressé aux travailleurs immigrés a dit : ‘‘Vous êtes ici chez vous.'' » Et cela ne peut pas être dissocié de la manière dont il a accueilli Chadli Bendjedid, le premier Président algérien à venir en France.
Et Jean-Louis Bianco cite Mitterrand accueillant Chadli : «Vous êtes ici, Monsieur le Président et Madame, les bienvenus. Ce n'est pas une parole de circonstance, 800 000 de vos compatriote vivent sur notre sol ; sachez que pendant ces trois jours où vous serez parmi nous et après, lorsque vous serez rentrés chez vous, nous vous considérerons comme ceux qui ont su tendre la main pour recevoir la nôtre, pas seulement rêver d'un avenir harmonieux mais le construire.» Et à la communauté algérienne réunie à l'hôtel Intercontinental, le 8 novembre 1983 : «Cette visite de votre Président est un choix courageux pour que le passé cède devant le présent.»
Sur Mitterrand, homme de gauche face au processus de décolonisation, Jacques Fournier, qui a été secrétaire général adjoint de l'Elysée de 1981 à 1982, affirme que «la décolonisation au Maghreb a été pour moi une période où j'ai observé sans aucune indulgence le comportement d'une bonne partie de la gauche française. François Mitterrand s'est rangé dans la partie la plus éclairée de la gauche française qui était consciente des évolutions nécessaires».
François Mitterrand, comme les hommes politiques de l'époque, «n'applique pas la même grille de lecture à l'Algérie. Et les mêmes hommes qui vont être favorables à l'indépendance de la Tunisie et du Maroc vont dire : l'Algérie, ce n'est pas pareil ; l'Algérie, c'est la France». Jacques Fournier rappelle que Mitterrand était ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Mendès-France au moment où éclate la guerre d'indépendance de l'Algérie ; il a été ministre de la Justice du gouvernement de Guy Mollet de l956 à 1957 et «il est vrai qu'il y a eu chez lui, comme il y a eu chez les autres hommes politiques de l'époque, la même réaction sur le problème algérien et la même lenteur à comprendre qu'il fallait sans doute changer de cadre d'analyse».
Sur le livre de Benjamin Stora et de Mallye, Mitterrand et la guerre d'Algérie, Jacques Fournier conteste non pas la matérialité des faits, mais une présentation «tendancieuse» du livre. «La peine de mort a continué après le gouvernement de Guy Mollet et notamment sous De Gaulle jusqu'au moment même où on négociait.» «Mitterrand a essayé autant que faire se peut de limiter les dégâts dans ses attributions de ministre de la Justice.»
La «volonté de Mitterrand de tourner la page» par rapport à la période de la colonisation, selon Jacques Fournier, il l'a manifestée «en établissant des rapports normaux, d'égal à égal, avec les trois pays, en respectant leur indépendance et en ne cherchant pas à peser sur leurs affaires». «Ce qui n'excluait pas la volonté d'apporter une aide au développement dans le cadre général d'une redéfinition des rapports Nord-Sud, et c'est dans cette perspective qu'a été traitée la question du prix du gaz algérien que j'ai suivie de très loin.»
C'est à l'occasion du premier voyage de François Mitterrand en Algérie, en décembre 1981, que «sur la suggestion de Claude Cheysson et de la conception qu'il avait des rapports Nord-Sud, on a demandé à Gaz de France d'acheter le gaz algérien plus cher qu'on ne l'achetait aux autres fournisseurs. Un surcoût de 25% a été imposé à l'entreprise, qui était la contribution que la France apportait au développement de l'Algérie.
Quelques années plus tard, je suis devenu président de Gaz de France et cela plaçait l'entreprise dans une situation particulièrement embarrassante. Il a fallu réengager une nouvelle négociation. On avait un interlocuteur algérien remarquablement têtu et défenseur des intérêts de sa société».
Selon Jean Daniel, pris à témoin par Hubert Védrine pour avoir bien connu François Mitterrand, celui-ci avait «tous les complexes vis-à-vis de l'Algérie». Regardant vers 2012, Jean-Louis Bianco considère que si la gauche l'emporte, il faudra qu'elle soit «modeste». «On n'a pas à donner des leçons», «elle ne changera pas les données qui s'imposent à nous». Le printemps arabe s'est enclenché, «chaque pays est en train de construire sa propre histoire». «Je suis perplexe qu'il ne se passe rien en Algérie.»


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