Les Gabonais devront choisir le successeur d'Omar Bongo, décédé en juin dernier, et qui est resté 41 ans au pouvoir. Les frontières terrestres et maritimes du Gabon sont fermées jusqu'au 3 septembre en raison de l'élection présidentielle d'aujourd'hui, selon un arrêté du ministère de l'Intérieur diffusé hier. La bataille s'annonce chaude dès lors que les Gabonais devront choisir le successeur d'Omar Bongo, décédé en juin, lors d'un scrutin à un tour qui s'annonce de plus en plus serré voire tendu, et pour lequel l'un des favoris est Ali Bongo, le fils aîné du président défunt resté 41 ans au pouvoir. Ali Bongo, 50 ans, investi par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pu profiter de cette véritable machine électorale qui contrôle l'administration. Officiellement, le PDG a remporté haut la main toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990. Face à lui, officiellement 22 candidats, dont cinq se sont désistés en faveur de l'ancien ministre de l'Intérieur (2005-2009) André Mba Obame, dit « Amo ». Cette élection est la première considérée comme ouverte au Gabon, après quatre décennies de pouvoir d'Omar Bongo. Mais l'opposition n'aura pas réussi à s'entendre sur le nom d'un candidat commun. Vendredi, l'équipe d'Amo a annoncé le désistement en sa faveur d'une dizaine de candidats, dont l'ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba. Mais ce dernier a démenti, comme d'autres de moindre envergure qui ont parlé de manipulation. Au final, seuls cinq candidats ont rejoint Amo, dont l'ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong et l'ex-opposant rallié au régime Paul Mba Abessole. Sans renier la figure d'Omar Bongo, tous les candidats - y compris ceux restés longtemps dans les arcanes du pouvoir - ont reconnu le peu d'efforts de son régime en matière de développement. « Amo » est allé jusqu'à se mettre à genoux pendant ses meetings pour demander « pardon » aux Gabonais d'avoir appartenu au régime Bongo, réputé clientéliste et corrompu. Chacun des quatre plus importants présidentiables - les anciens ministres André Mba Obame et Casimir Oyé Mba, l'opposant radical Pierre Mamboundou et Ali Bongo - a promis un partage plus équitable des ressources pétrolières, minières et forestières du pays. Toute la campagne, Ali Bongo a été la cible de la plupart des candidats et du slogan « TSA : Tout sauf Ali ». « Si Ali gagne, on va gaspiller (casser) », ont affirmé des jeunes lors de meetings de l'opposition. D'autres ont estimé qu'il ne pouvait pas gagner sans tricher. Plusieurs présidentiables ont dénoncé la liste électorale qui compte 813.164 électeurs pour une population jeune estimée à 1,5 million d'habitants. Les premières estimations devraient tomber après « quelques heures », mais la proclamation officielle complète ne pourrait intervenir que le lendemain ou le surlendemain du scrutin. Des observateurs de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ont fait le déplacement. Mais Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé un « accès restreint des journalistes aux bureaux de vote, de sévères mises en garde, intimidations, refus d'accréditations pour certains médias étrangers ». « Le vainqueur sera de toute façon mal élu », souligne un conseiller de la présidence. Un autre redoute un « repli identitaire autour des ethnies ». De nombreux observateurs et candidats s'attendent pour ces raisons à des troubles post-électoraux.