L'audience a été plusieurs fois suspendue par le juge. La sœur du «rebelle» ne voulait pas que le procès soit celui de l'assassinat Lounès car, a-t-elle déclaré, rien n'a été fait dans le cadre de l'enquête complémentaire qu'elle a demandée en 2008. «Ils veulent clore le dossier. C'est une pièce de théâtre. On ne peut pas examiner cette affaire s'il n'y a pas reconstitution des faits. J'exige la présence de Hassan Hattab et des 50 témoins dans l'affaire, pour accepter de participer au procès. Je ne fais plus confiance à la justice algérienne qui veut faire passer la mort de mon frère pour un simple fait divers», a-t-elle martelé avant de d'annoncer son retrait comme partie civile dans ce procès. Maître Aïssa Rahmoune, l'un des avocats de la famille Matoub, a déclaré : «On considère que les bénéficiaires et les commanditaires de l'assassinat de Matoub sont absents de la salle. Donc il n'y a pas lieu d'examiner cette affaire aujourd'hui. Aussi, au-delà de l'arrêt de renvoi, rien n'a été fait.» De son côté, Me Aït Habib, avocat de Malik Medjnoun, l'un des deux accusés présents au box, dira : «J'exige que ce procès se tienne avec ou sans la partie civile, parce que ce procès est celui de Medjnoun et Chenoui et non celui de l'assassinat de Matoub. Ils sont en prison depuis 12 ans. Donc, aujourd'hui, ils doivent être jugés.» Abdelhakim Chenoui a eu un malaise et a été évacué de la salle ; il est revenu une heure plus tard. Me Hanoune, avocat de Nadia (la veuve du chanteur) et de ses deux sœurs, décide de se retirer momentanément pour consulter ses mandantes. Puis il revient avec l'option d'assister au procès «en qualité d'avocat des trois victimes». L'audience reprend, mais pas pour longtemps. Quelques minutes seulement après le début de la lecture de l'arrêt de renvoi, la mère et la sœur du «rebelle» se lèvent pour demander au juge d'interrompre la séance : «Vous pouvez juger ces deux personnes accusées, mais sans citer le nom de mon frère car ils n'ont rien à voir avec son assassinat», insiste Malika. L'audience est de nouveau suspendue vers 11h. Quatre heures plus tard, la séance reprend sans l'autre partie civile, la veuve Matoub et ses sœurs, qui ont décidé d'engager une autre action judiciaire. Malika Matoub, qui s'était également retirée du procès dès la matinée, refuse que le nom de son frère soit cité dans les débats. Le juge entame l'audition des mis en cause. Abdelhakim Chenoui, qui a déclaré qu'il était dans les maquis pendant cinq ans avant de se rendre aux services de sécurité, nie les faits qui lui sont reprochés. «Je n'ai pas tué Matoub. Je n'ai aucun lien avec son assassinat. Six mois après ma reddition, j'ai été arrêté. J'avais, au préalable, reconnu les faits sous l'effet de la menace et de la torture», a-t-il dit. Son coaccusé, Malik Medjnoun ajoute : «Je ne sais pas pourquoi je suis là aujourd'hui. Je n'ai aucune relation avec cette affaire. Je n'ai aucun lien avec le terrorisme. J'ai refusé de témoigner contre Chenoui malgré les menaces et la torture.» Et de poursuivre : «Lors de l'assassinat de Lounès, j'étais dans un restaurant à Tizi Ouzou. Il y a même ceux qui peuvent en témoigner.» Durant les plaidoiries, les avocats de la défense relèvent, entre autres, que le représentant du ministère public ne s'est pas exprimé sur la détention provisoire des accusés qui a duré 12 ans. A l'issue des délibérations, le tribunal a condamné les deux mis en cause à 12 ans de prison ferme.