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Malik Medjnoun et Abdelhak Chenouni libres Le verdict prononcé dans le procès lié à l'affaire de l'assassinat de Matoub couvre leur période de détention
Le procès des présumés assassins de Matoub Lounès, qui a été émaillé par des incidents, a failli ne pas avoir lieu hier à la cour de Tizi Ouzou. Il n'a été entamé qu'après 14 heures. Le juge a été contraint de suspendre la séance à trois reprises. Finalement, les deux accusés ont écopé de 12 ans de prison ferme. Dès le début du procès, vers 9 heures du matin, la sœur et la mère de Matoub, après avoir annoncé leur retrait en tant que partie civile du procès, ont tenté, avec des membres de la fondation Matoub Lounès, d'empêcher la tenue du procès. «Nous n'allons pas assassiner une deuxième fois Matoub Lounès. Les véritable assassins de Lounès ne sont pas dans cette salle», ont déclaré les avocats de la famille Matoub au juge. «Nous n'acceptons pas la tenue de ce procès. Nous exigeons la reconstitution des faits, une étude balistique et surtout la présence des 51 personnes que nous avons présentées à la justice en 2008. Le complément d'enquête n'a pas eu lieu», dira Malika Matoub. Cette dernière exige aussi la présence de Hacène Hattab, ex-émir du GIA qui a revendiqué l'assassinat de Matoub en 1998 et de Aït Hammouda, député du RCD. «Tant que ces personnes ne sont pas présentes, le procès de Matoub n'aura jamais lieu», a crié la mère de Matoub qui réclame aussi la libération des deux présumés assassins, Abdelelhak Chenoui et Malik Medjnoun, accusés de complicité dans l'assassinat de Matoub. La tension est montée d'un cran dans la salle. Une crise de nerfs s'empare de l'accusé Abdelhak Chenoui et c'est la mêlée générale dans la salle d'audience. Il a fallu l'intervention musclée des services de sécurité pour calmer les esprits. Entre-temps, le juge a suspendu la séance. L'autre partie civile, à savoir Nadia Matoub et ses deux sœurs Farida et Ouarda Brahimi, qui étaient présentes, ont accepté dans un premier temps de prendre part au procès. «Nous sommes tout à fait d'accord avec l'autre partie civile que ce procès n'apportera rien de nouveau dans l'affaire de Matoub et les véritables assassins sont ailleurs, mais nous allons prendre part au procès. Car ce procès est une première étape pour que la vérité dans l'assassinat de Matoub éclate», dira l'avocat de Nadia Matoub, Me Hannoune. De leur côté, les avocats des accusés ont exigé la tenue du procès. « J'exige que le procès se tienne aujourd'hui même en l'absence des deux parties civiles, parce que c'est le procès de Medjenoun et de Chenoui et non celui de Matoub Lounès», a déclaré Aït Habbib, avocat de l'accusé Medjnoun, qui attend son jugement depuis plusieurs années de détention provisoire. Vers 11 heures, le juge a tenté une deuxième fois d'ouvrir le procès mais sans succès. La famille de Matoub a campé sur ses positions et refusé catégoriquement la tenue du procès. Les pourparlers entre Malika Matoub et le juge, durant presque deux heures, n'ont rien apporté. «Vous jugez les deux accusés mais sans citer le nom de mon frère car ces deux accusés n'ont rien à voir dans cette affaire. Que celui qui les a ramenés ici soit présent», a déclaré Malika Matoub, ce que le juge accepta. Mais la famille Matoub exige aussi la non-lecture de renvoi d'appel et le retrait de l'autre partie civile, à savoir la veuve de Matoub et ses deux sœurs. Devant cette situation de confusion, le juge a suspendu la séance pour la troisième fois. Il a menacé même d'évacuer la salle en ayant recours à la force. Vers 14 h, l'autre partie civile, à savoir Nadia Matoub, a annoncé à son tour son retrait du procès. Vers 14h30, le procès s'ouvre enfin. Après la lecture de l'arrêt de renvoi, c'est l'accusé Abdelhakim Chennoui qui est convoqué le premier à la barre. Devant le juge, il reconnaît avoir passé 5 ans au maquis mais renié en bloc son implication dans l'assassinat de Matoub. «Je me suis repenti aux services de sécurité le 17 septembre 1999. Après avoir passé une nuit au commissariat de Draâ Ben Khedda j'ai été libéré par les services de sécurité. Un jour après, les services de la sécurité militaire m'ont enlevé devant mon domicile. Après 7 mois de détention et de torture j'ai accepté d'avouer un crime que je n'ai jamais commis», dira Chenoui devant le juge. A la question de savoir s'il connaît Medjnoun, l'autre accusé, il dira : « Je n'ai rencontré Medjnoun qu'à l'hôpital de Blida lors de notre hospitalisation après plusieurs mois de torture.» L'autre accusé, Malik Medjnoun, a nié tout en bloc. «Je n'ai jamais eu affaire au terrorisme dans toute ma vie. Le jour de l'assassinat de Matoub le 25 juin 1998 j'étais sur les lieux de mon travail dans un restaurant à Tizi Ouzou. Les services de sécurité m'ont arrêté en 1993 dans une rafle à Tizi Ouzou et j'ai été jugé par le tribunal spécial d'Alger et condamné à 3 ans de prison ferme», a déclaré Malik Medjnoun au juge. «Les service de la sécurité militaire m'ont enlevé, et j'ai subi toutes sortes de tortures durant 8 mois à Ben Aknoun», dira encore Medjnoun. Quatre témoins avec lesquels il travaillait ont dit devant le juge que le jour de l'assassinat de Matoub, Malik Medjnoun était avec eux toute la journée dans le restaurant de la rue de la Paix. «Malik n'a pas quitté le restaurant du matin jusqu'à la fin de la journée», dira son patron de l'époque Tahar Mustapha. Le procureur général, quant à lui, a requis la peine capitale contre les deux accusés. Le verdict est de 12 ans de prison ferme pour les deux accusés.