En dépit des assurances et des engagements pris par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) concernant la disponibilité du pain durant les journées de l'Aïd El Fitr, force est de constater qu'il n'en fut rien pour les Algérois. Le problème de la disponibilité du pain durant la fête de l'Aïd s'est donc posé comme chaque année avec acuité, pénalisant de surcroît des milliers de foyers. L'Ugcaa qui a promis lors d'une rencontre avec la presse, tenue au mois de Ramadhan, la mobilisation de 1500 boulangeries pour la circonstance, ne semble nullement avoir d'autorité sur les boulangers qui ont pour la plupart fermé boutique. Pour d'autres, ils ont privilégié la vente en gros, de leur pain, à des jeunes vendeurs sans scrupule qui en ont fait par la suite qu'à leur tête en matière de prix. A El Harrach, les vendeurs de pain se trouvant aux abords du marché couvert des fruits et légumes ont écoulé le pain à 20 DA la baguette. A Belouizdad, les quelques boulangeries restées ouvertes pour la circonstance ont été prises d'assaut par les habitants. Dans certains quartiers de la commune, les longues files d'attente qui se sont formées devant les boulangeries ont failli tourner à l'émeute, tant les files étaient importantes. Aussi, certaines boulangeries restées ouvertes ont profité de l'occasion pour augmenter le prix du pain de 6,50 DA. A Belle Vue, dans la commune d'El Harrach, un propriétaire d'une boulangerie a vendu durant trois jours de suite le pain à 15 DA la baguette : «Nous n'avions pas le choix, nous avons été obligés d'acheter le pain à 15 DA», raconte un habitant, avant d'ajouter : «Tous les magasins d'alimentation générale du quartier ont vendu leur pain à 20 DA». «A la rue Meissonnier, la baguette a été vendue à 25 DA par des gens sans scrupule qui profitent de cette situation de crise», fulmine un groupe de citoyens qui sont rentrés bredouilles après plusieurs minutes d'attente dans une boulangerie. D'autres citoyens plus prévoyants se sont approvisionnés pour les deux jours de l'Aïd, voire plus, en recourant à la formule chère aux Algériens, en l'occurrence la congélation. D'ailleurs, les scènes où des personnes vadrouillent avec des sacs pleins de baguettes sont légion, aussi bien la veille de l'Aïd que lors du premier jour de la fête. «On ne sait pas ce que nous réservent les prochains jours, d'autant plus que nous allons passer un long week-end et certainement, les ouvriers ne reprendront pas de sitôt», affirme une mère de famille. Cette situation qui se répète à chaque fête de l'Aïd devrait susciter auprès des responsables chargés de la gestion du commerce plus d'entrain, en imposant aux boulangers des permanences obligatoires.