La mobilisation des ressources en eau est une des toutes premières priorités du gouvernement. Les moyens accordés par l'Etat au secteur de l'hydraulique confirment ils dans les faits cette priorité ? Le secteur de l'hydraulique a de tout temps bénéficié de budgets conséquents, mais le déficit en eau est si grand qu'il faut aujourd'hui de plus gros moyens pour rétablir quelque peu l'équilibre entre une offre somme toute restreinte et une demande en constante progression. La grande sécheresse, qui a soumis à très rude épreuve les régions d'Alger, Tipaza et Skikda notamment, a donné la mesure de la gravité du problème, poussant les pouvoirs publics à accorder sous le sceau de l'urgence un surcroît d'intérêt au problème de l'eau. Les enveloppes budgétaires qui lui seront consacrées seront encore plus conséquentes et l'on estime aujourd'hui à environ 134 milliards de dinars (1,5 milliard de dollars) l'enveloppe financière allouée annuellement par l'Etat au secteur de l'hydraulique. A l'horizon 2010, l'Etat prévoit d'allouer un milliard de dollars supplémentaire pour répondre aussi bien à la demande en eau potable qu'aux besoins de l'agriculture. La volonté de l'Etat de promouvoir le secteur des ressources en eau a également été clairement affirmée à la faveur du plan de soutien à la relance économique qui a accordé la part du lion à ce secteur. L'Etat est décidé à maintenir cet effort en consacrant, comme annoncé par le ministre des Ressources en eau, un budget encore plus conséquent à l'eau dans le programme complémentaire de soutien à la relance qui sera mis en œuvre très prochainement. On parle d'une enveloppe globale de 10 milliards de dollars qui iront en grande partie au secteur de l'hydraulique. Le programme très ambitieux comporte, entre autres, la réalisation d'une cinquantaine de barrages, la construction de vingt unités de dessalement d'eau de mer et la mise en valeur de 220 000 ha. Un programme très ambitieux que les entreprises algériennes peu nombreuses et insuffisamment équipées ne pourront malheureusement pas réaliser. Ce sont surtout les sociétés étrangères qui profiteront de l'offre publique de travaux... Les choses ne sont pas aussi tranchées que vous semblez l'affirmer. Il faut en effet savoir que depuis une trentaine d'années nos entreprises ont pratiquement évolué seules sur le marché. Je vous cite le cas du bureau d'études Hydrotechnique qui a conçu à lui seul dix barrages. Les Algériens le savent peu mais nos entreprises ont réalisé et réalisent de grandes opérations de transfert d'eau, des réseaux d'assainissement, des stations d'épuration et de traitement. L'offre publique de travaux s'étant considérablement accrue au cours de ces dernières années, l'outil national de réalisation ne peut à l'évidence y répondre à lui seul, d'autant qu'il est affecté par un certain nombre de problèmes qui amenuisent ses capacités. Il s'agit de la vétusté des moyens de réalisation et des difficultés de trésorerie dues aux lenteurs du recouvrement des créances. Les 13 entreprises et bureaux d'études faisant portefeuille de la SGP Ergthy ont un pressant besoin d'investissement en vue de la modernisation et de l'extension de leurs capacités d'étude et de réalisation. On estime le besoin global de financement à environ 8 milliards de dinars à l'horizon 2006. En ce qui concerne l'année en cours, nous avons prévu d'investir 2,9 milliards de dinars dont une bonne partie est déjà engagée. L'année prochaine, le montant de l'investissement sera de quatre milliards de dinars. Les investissements prévus seront pour l'essentiel autofinancés par les entreprises qui dégagent pour la plupart d'importants cash-flows. Chaque fois que des financements externes seront requis nous incitons nos entreprises à se mettre en partenariat avec des firmes notamment étrangères, qui, comme vous le savez, accaparent le plus gros du marché des grands ouvrages puisque les entreprises algériennes publiques et privées confondues n'émargent qu'à 30% du marché des ressources en eau. Quand elles prennent des gros marchés, les sociétés étrangères se comportent comme des ensembliers en sous-traitant leur réalisation à nos entreprises. Nos entreprises réclament aujourd'hui une plus grosse part de marché qu'elles espèrent obtenir à la faveur d'opérations de partenariat auxquelles elles souhaiteraient prendre part, non pas en tant que simples sous-traitants mais en qualité de co-traitants. Les chiffres communiqués au cours de la conférence montrent que l'eau n'est pas un problème de ressources qui sont disponibles en quantité, mais un problème de captage... Je serais plus nuancé concernant la forte disponibilité des ressources en eau puisque les études tendent, au contraire, à prouver leur amenuisement continu. Quant au captage, nous avons mis en œuvre un spectre très large de techniques et moyens de mobilisation. Dans le plan national de l'eau, actuellement en révision au niveau du ministère des Ressources en eau, il a été par exemple décidé d'opter pour la mobilisation de ressources non conventionnelles à travers le dessalement d'eau de mer. Une vingtaine de station de dessalement seront réalisées dans les dix années à venir en sus de celles que réalisent pour leurs propres besoins Sonatrach et Sonelgaz qui ont créé une filiale spécialement à cet effet. Même si elles coûtent cher, les stations de dessalement ont l'avantage de disposer d'une ressource illimitée et de pouvoir régler les problèmes d'eau qui se posent aux villes côtières algériennes. Pour ce qui est du captage des eaux souterraines, il est prévu d'aller vers les nappes du plateau albien afin d'amener les eaux du Sud vers les Hauts-Plateaux. Compte tenu de son envergure et de son coût extrêmement élevé, ce programme prendra évidemment beaucoup de temps pour se réaliser. Il y a bien sûr les barrages pour retenir les eaux superficielles et il existe à ce titre un important programme de construction de grandes retenues. Nous allons cette année réceptionner pas moins de 4 barrages (Tisemssilt, Tlemcen, Bouira et Mostaganem) et d'autres sont en cours de construction avec comme nouveauté le respect des délais de réalisation. Le barrage de Mostaganem sera à titre d'exemple livré avec deux mois d'avance sur le délai contractuel. Il y a enfin le recyclage des eaux usées qu'il faut promouvoir en remettant en marche les stations d'épuration en panne et en en construisant de nouvelles. Il y a actuellement un programme très ambitieux de réalisation de stations d'épuration et de traitement qui intéresse nos entreprises qui disposent d'un savoir-faire dans le domaine. Les commandes en stations d'épuration, qui émanent de pratiquement toutes les communes algériennes et de très nombreuses unités industrielles soumises à cette obligation par la loi sur la préservation de l'environnement, vont créer un immense marché des équipements de traitement des eaux usées. Plutôt que de compter sur l'importation, n'est-il pas temps de jeter les bases d'une industrie des équipements d'épuration en commençant par créer sous l'égide de la SGP Ergthy une entreprise ayant cette vocation ? La question est importante et vous avez bien raison de la soulever. La SGP dans son plan d'action accorde une importance particulière au développement de cette activité. Nous inscrivons son développement dans le triptyque développement-partenariat-privatisation, mais le passage à l'action requiert un minimum de garanties à travers notamment l'élaboration d'un plan pluriannuel des secteurs concernés (hydraulique, agriculture et industrie) et la signature d'un contrat programme qui nous permettra de mieux cadrer le projet qui en est étroitement dépendant.