Au lendemain du suicide, après avoir tué sa femme, de Douaoui Younès, 36 ans, agent d'ordre public dans la commune frontalière de Zitouna, à 14 km du chef-lieu de wilaya d'El Tarf, une commission d'enquête a été dépêchée par l'inspection régionale de Constantine avec pour mission d'élucider les circonstances de ce drame qui remet, encore une fois, au-devant de l'actualité le phénomène du suicide dans le corps de la police. Une étude a, en effet, montré que la proximité d'une arme multiplierait par 9 le risque suicidaire chez le policier. Douaoui Younès a usé à bout portant de son arme de service (Beretta) contre sa femme, âgée de 34 ans ; il l'a mortellement atteinte à la poitrine avant de placer son arme sur sa tempe et de tirer, laissant derrière eux, deux orphelins de 18 mois et 4 ans. Un autre suicide, un autre usage d'arme de service qui viennent se greffer à la longue liste des policiers à la gâchette facile. Selon des sociologues aux faits de ce dossier, les hommes bleu semblent souffrir des pressions, notamment socioprofessionnelles. Pour étayer leur vision, ils se justifient par un décompte médical, selon lequel, pas moins de quinze agents et cadres de la police se sont suicidés en Algérie depuis le début de l'année 2009. Les raisons sont liées aux pressions professionnelles et psychiques aiguës. Six autres ont tenté de tenté de se suicider. Dix autres policiers ont usé de leur arme de service contre leurs collègues ou des citoyens suite à des problèmes socioprofessionnels. La direction centrale de suivi psychologique de la Sûreté nationale a indiqué récemment à la presse que le nombre de suicides dans le corps de la police a atteint 40 cas de 2005 jusqu'à la fin de l'année 2008. Elle a recruté 24 experts en psychologie professionnelle, notamment en psychotechnique pour la prise en charge psychologique de son personnel. Devant ce phénomène qui s'inscrit dans le temps, et fort de son encadrement de psychologues, le patron de la police avait dépêché une commission nationale à travers toutes les sûretés de wilaya du pays à l'effet d'établir un rapport détaillé des problèmes psychologiques, professionnels et sociaux auxquels seraient confrontés ses agents et officiers. Pour ce faire, les enquêteurs ont soumis à ces derniers un questionnaire comptant 200 interrogations traitant de toute la problématique susceptible de les affecter. Ainsi, leur avis était sollicité sur les conditions de travail, l'exposition à des pressions hiérarchiques, l'ambiance professionnelle, le salaire, le logement, les conditions familiales, etc. Ce formulaire a été établi par les 24 experts en psychologie. Il y était prévu également des séances d'écoute, assorties de rencontres individuelles et collectives avec le personnel, tous grades confondus. Des réunions qui seront documentées dans le but de brosser un tableau général de la situation psychologique des policiers qui, faut-il le souligner, est mal en point. De l'avis des experts, les jeunes recrues sont parfois confrontées à des situations qu'elles n'imaginaient pas en entrant dans la police ; d'autres ont aussi une moindre tolérance à l'autorité hiérarchique et à la frustration, une pratique courante au niveau de ce corps. La même source révèle : « Depuis le début de l'année, une politique de prévention des suicides aurait été engagée par la direction générale de la Sûreté nationale. »