Au centre-ville, les passants auront remarqué, depuis quelques jours, les grands boulevards, les édifices publics décorés de guirlandes et pavoisés à outrance. En fait, les festivités commémoratives ont débuté la veille sur la grande place où s'étaient donné rendez-vous des troupes folkloriques et d'autres formations de jeunes musiciens pour offrir des spectacles hauts en couleurs. L'ambiance était à la fête dans ce merveilleux décor. Jeunes et moins jeunes, des groupes de jeunes filles, des vieux, ils étaient tous là à savourer les exhibitions au rythme entraînant des «karkabou» et autres instruments de percussion. Certains, emportés par l'ambiance, faisaient quelques pas de danse au grand bonheur des badauds qui les accompagnaient en claquant des mains. L'office communal des activités culturelles a ouvert les portes du Conservatoire Ahmed Wahby pour permettre aux adeptes du septième art d'assister à une soirée théâtrale et d'apprécier la pièce intitulée «Algérien et fier». Durant cette même soirée, la salle d'hôtes de la mairie d'Oran a abrité une cérémonie de réception en l'honneur des femmes de chahid et de moudjahidine au cours de laquelle elles ont reçu, des mains des membres de l'APC, des cadeaux symboliques. Le moment fort attendu était minuit, heure au cours de laquelle, il y a 57 ans, fut tirée la première balle, annonçant, à la puissance coloniale et au monde entier, le déclenchement de la guerre de libération nationale (1954-1962), menant à l'Indépendance totale de l'Algérie. Une foule nombreuse était déjà présente sur la grande place devant laquelle avaient pris place les autorités civiles et militaires et les moudjahidine de l'ONM, alignés sur le perron de l'Hôtel de Ville. Alors que la cérémonie du lever des couleurs était suivie solennellement, la clique de l'ANP entamait l'hymne national. Des «youyous» fusaient de partout quand un représentant des Moudjahidine prit la parole pour rappeler le sacrifice des martyrs de la révolution. Il était minuit passé quant les salves d'honneur suivies des feux d'artifice colorées déchirèrent le ciel. Le lendemain matin, c'est jour de prière pour le cortège officiel qui s'est rendu, tôt le matin, au cimetière de Aïn Beïda pour se recueillir devant le carré des martyrs et déposer une gerbe de fleurs.