La diffusion par les télévisions italiennes, hier, du message vidéo enregistré par le groupe qui détient la journaliste italienne Giuliana Sgrena, et dans lequel cette dernière implore les Italiens de l'aider, a jeté l'émoi parmi la famille et les collègues de l'otage. Le premier signe donné par les ravisseurs de l'envoyée spéciale du quotidien italien Il Manifesto est arrivé plus pour tétaniser les amis de Giuliana que pour les rassurer. Très éprouvée par plus de deux semaines de captivité, amaigrie, pâle et au bord des larmes, Giuliana a prononcé devant la caméra un message qui, selon son conjoint Pierluigi Scolari, « lui a été certainement dicté ». L'otage, visiblement intimidée par le groupe qui se fait appeler « les moudjahidine sans frontières », a demandé au gouvernement italien de retirer les forces armées de l'Irak. Et si sa famille, du nord de l'Italie, a affirmé être soulagée de voir qu'elle est vivante, le frère de l'otage a néanmoins expliqué que ses proches se sentaient « impuissants » et que la décision, c'est au gouvernement italien de la prendre. Dans son appel, Giuliana a souligné la souffrance des vieux, des femmes et des enfants irakiens et a affirmé que « les étrangers étaient indésirables en Irak », ajoutant que les Italiens devaient quitter ce pays. Ce message des ravisseurs arrive, le jour du vote, par le Parlement italien, du décret qui alloue un budget supplémentaire au contingent italien à Nassiriya (sud de l'Irak). Le secrétaire général de Refondation communiste, Fausto Bertinotti, a déclaré que cela ne fera pas changer au parti « sa position envers la paix et le retrait des forces italiennes », alors que le ministre des Réformes, de la Ligue du Nord, a affirmé que le vote favorable au décret signifiera le rejet « du terrorisme et de ses chantages ».