Mokrane Agaoua nous a quittés samedi dernier. Le maître de la chanson religieuse d'expression kabyle a tiré sa révérence à la scène comme il avait vécu : discrètement. Il avait 83 ans. Une foule nombreuse l'a accompagné à sa dernière demeure à Aït Atelli, son village natal, dans la région de Larbâa Nath Irathen. De son vrai nom Ouali Mohand Amokrane, le défunt artiste avait commencé à chanter à l'âge de 15 ans, au milieu des années 1940. Il a à son actif un riche répertoire composé de près de 500 chansons. Seule une partie de son œuvre a fait l'objet d'enregistrement sur disques ou à la Chaîne II de la Radio nationale. Durant sa carrière, il a côtoyé de grands noms de la chanson algérienne comme cheikh Sadek Abdjaoui avec qui il avait sévi sur les ondes de radio Béjaïa durant la guerre de Libération nationale. A l'indépendance, il exercera comme gérant de nombreuses stations touristiques à travers le pays. Plus tard, il intégrera le staff de la radio Chaîne II qu'il quittera dans les années 1970 pour se consacrer à son art. Il laisse derrière lui une dizaine d'albums de chansons religieuses et traditionnelles très connues. Elles sont reprises généralement par les « khouanes » dans leur « m'dih » à l'occasion des fêtes religieuses comme l'Achoura, le Mawlid Ennabaoui etc. Sa composition la plus connue reste incontestablement Larvâa Nath Irathen a thin mouzzin lesswar, un tube qui remonte aux années 1950. Affaibli par la maladie, Mokrane Agaoua, s'est retiré de la scène depuis quelque temps déjà. Rares étaient ses apparitions en public. Un hommage lui a été rendu récemment par la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou en signe de reconnaissance pour son talent et son œuvre.