Les étudiants du département de français de la faculté des lettres et des sciences sociales de l'université de Blida ont suivi, ce mardi, avec attention, la projection du film dédié au docteur Frantz Fanon, en présence du réalisateur. Invité par le professeur Amina Bekkat, qui a animé les débats, le metteur en scène, Zahzah, a répondu aux questions des étudiants. Ces derniers connaissaient déjà l'œuvre littéraire du psychiatre blidéen, puisqu'elle est inscrite à leur programme. Leurs questions ont tourné surtout autour de la vie du militant de la cause nationale. Mort à 37 ans, le docteur Fanon a eu une vie courte mais rayonnante sur les tragédies de son siècle. Le Martiniquais a été muté, en 1953, par l'administration coloniale, à l'hôpital psychiatrique de Blida où il découvrit les atrocités de la colonisation. En trois ans, il humanise l'institution qui fonctionnait beaucoup plus comme une prison qu'un hôpital. En 1956, il démissionne de façon fracassante, en signe de soutien aux infirmiers en grève. Ces derniers furent sévèrement punis par la soldatesque coloniale qui considérait leur hôpital «comme un véritable nid de fellaghas». Il rejoint les rangs du glorieux Front de libération nationale où le terme engagement avait du sens. La violence était devenue la seule arme légale des colonisés contre le colonialisme. Frantz Fanon, qui a donné son nom à l'ex-hôpital psychiatrique, n'est plus à présenter à Blida, où il est suffisamment connu par les plus âgés qui l'avaient côtoyé à Placet Ettout où il venait s'attabler pour prendre son petit café et se mêler aux habitants. Les infirmiers, qui ont travaillé à ses côtés, ne l'ont jamais oublié : «Nous étions jeunes, à l'époque, il nous appelait petits et nous prodiguait des tas de conseils sur les traitements et le respect envers les malades. Il disait que l'être humain devait être respecté pour instaurer tout dialogue. Le docteur Fanon a humanisé et ouvert les services, jadis fermés. Il discutait dans la cour, au milieu des patients. Le stade, l'imprimerie, le journal, la formation continue des infirmiers… c'est lui», nous a raconté M. Ahmane, un retraité de l'hôpital. Fanon s'est engagé, jusqu'à son dernier souffle, dans la lutte du peuple algérien. Il est mort le 12 décembre 1961, à la frontière algéro-tunisienne, à l'aube de l'indépendance. Ses compagnons d'armes ont respecté son dernier souhait : celui d'être enterré «en territoire algérien». Sa vie, son œuvre, son engagement, son message sont toujours d'actualité.