Les pathologies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalité en Algérie, avec plus de 14 000 décès chaque année. Selon une récente étude réalisée au niveau de la wilaya d'Alger par la Société algérienne de cardiologie, dont les résultats ont été présentés lors de son congrès en novembre dernier, ces résultats montrent bien l'ampleur de ce fléau. 16 infarctus du myocarde et 9 accidents vasculaires cérébraux sont enregistrés chaque jour. Malheureusement, l'enquête a montré que les patients consultent trop tardivement après le premier symptôme, particulièrement en ce qui concerne l'infarctus du myocarde, «ce qui les prive des traitements modernes et efficaces qui sont pourtant disponibles», souligne le Pr Bouhouita, cardiologue au CHU Mustapha et président de la Société algérienne de cardiologie. Ces urgences cardiovasculaires, regrette-t-il ne sont pas régulées au sein d'un centre qui permettrait de gagner du temps et d'assurer une prise en charge rapide. Il arrive souvent que des patients se rendent dans plusieurs structures sans pour autant être pris en charge en raison du manque de lits disponibles ou de moyens de prise en charge, ce qui ne rend pas la tâche facile devant une telle urgence. Des décès sont donc malheureusement inévitables. L'organisation du circuit de la prise en charge doit être, selon le Pr Bouhouita, revue et corrigée afin de sauver des vies. La mise en place de réseaux spécialisés est l'un des moyens recommandés à travers le monde. Des campagnes de sensibilisation des populations à risque sont également les objectifs de la Société algérienne de cardiologie. L'on entend par population à risque les personnes atteintes de maladies chroniques telles que le diabète, l'hypertension artérielle, etc. Des études menées également en Algérie ou ailleurs dans le monde ont montré que la mauvaise alimentation, un manque d'activité physique, le tabagisme et l'alcool sont responsables d'environ 80% des maladies coronariennes et cérébrales vasculaires. Les résultats de l'étude observationnelle de Cepheus, rendus publics en marge du congrès de la SAC, ont montré que l'insuffisance du contrôle du cholestérol LDL, surtout chez les patients à risque, constitue un facteur de risque majeur, d'où l'importance de développer, selon le Pr Bouhouita, un consensus national pour la prise en charge efficace et homogène des maladies cardiovasculaires. Une prise en charge qui doit être inscrite dans le cadre d'une démarche de lutte intégrée contre les facteurs de risque. Surtout qu'une autre étude, réalisée à Tlemcen par l'INSP et l'OMS sur 1000 patients, a révélé que la population sous-estime les facteurs de risque, à savoir l'HTA, le diabète, la sédentarité, l'obésité, le tabagisme, etc.