Les pathologies cardio-vasculaires sont les premières causes de mortalité en Algérie, avec plus de 14 000 décès chaque année l Plus de 20% de ces décès sont dus à l'athérosclérose causée par l'hypercholestérolémie, un des facteurs de risque majeurs des maladies cardiovasculaires. En marge des travaux de son congrès annuel, la Société algérienne de cardiologie (SAC) a présenté, hier lors d'une conférence de presse, une étude internationale à laquelle a pris part l'Algérie sur l'évaluation de la prise en charge de l'hypercholestérolémie. Lancée en Europe et au Moyen-Orient, l'étude Cepheus, réalisée avec le soutien du laboratoire AstraZeneka, est une étude observationnelle réalisée auprès de 1236 patients recrutés en six mois par 46 médecins investigateurs sur l'ensemble du territoire national. Les patients sont des sujets à haut risque d'évènements cardiovasculaires : plus d'un patient sur deux avait un antécédent cardiovasculaire, a précisé le Pr Nibouche, chef de service de cardiologie de l'hôpital Parnet, qui a présenté les résultats de l'étude. La moitié de cette population interrogée est diabétique (52,80%) et 74,40 souffrent d'une hypertension artérielle en plus des problèmes coronariens. Le Pr Nibouche a mis en exergue l'importance de cette étude, que ce soit sur le plan scientifique ou organisationnel. Il a indiqué que l'étude a souligné que 95,7% des médecins prennent en charge l'hypercholestérolémie de leurs patients en suivant les différentes recommandations américaines (NCEP ATPIII). Les résultats de l'étude ont ainsi montré la discordance importante dans la perception qu'ont les médecins et les patients de l'information sur le taux de cholestérol. 100% des médecins déclarent informer leurs patients de leur taux de cholestérol lors du diagnostic, alors que seulement 47% des patients déclarent avoir été informés de leur taux de cholestérol par leur médecin lors du diagnostic initial. Il estime que le niveau d'information des patients est significativement insuffisant et l'étude a révélé que seulement 6 sur 10 ont déjà entendu parler du LDL cholestérol et que seul 1 sur 2 connaît le taux de cholestérol cible fixé par son médecin. Ce taux cible n'est atteint que chez un tiers des patients traités soit 40% des patients. Concernant le traitement thérapeutique, l'étude a montré que 82% des patients sont satisfaits alors que 86,6% sont motivés pour leur traitement. D'où les recommandations essentielles, à savoir l'amélioration, a précisé le président de la Société algérienne de cardiologie, le Pr Bouhouita, de la relation et du dialogue entre le patient et le médecin, sensibiliser et informer le patient sur les risques de dyslipidémie d'autant que l'étude a révélé une insuffisance dans le contrôle du taux du LDL, surtout chez les patients à haut risque. Il est donc recommandé, ajoute le Pr Bouhouita, de développer un consensus national pour la prise en charge efficace et homogène des maladies cardiovasculaires. Une prise en charge qui doit être inscrite dans une démarche de lutte intégrée, a signalé le Pr Brouri, chef de service de médecine interne à la clinique, «Villa du Traité» à El Biar. Il a précisé que les maladies cardio-vasculaires font partie intégrante des maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque sont communs.Les prévisions, quant au développement de ces maladies, sont alarmantes pour l'Algérie, et le fardeau économique sera trop lourd. Après avoir énuméré les prévalences et les nombres de décès causés par toutes ces maladies, le Pr Brouri a plaidé pour une stratégie de lutte contre ces facteurs de risque qui sont le tabagisme, l'HTA, l'obésité, le diabète, la sédentarité. La population sous-estime les facteurs de risque selon une autre étude Une récente étude épidémiologique réalisée à Tlemcen par l'Institut national de santé publique (INSP) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires auprès de 1000 patients a révélé à quel point ces facteurs de risque sont sous-estimés chez la population algérienne, à savoir l'hypertension artérielle (HTA), la sédentarité (40% de la population), le tabagisme (17%), le diabète (6,8%), l'obésité et l'hypercholestérolémie, la dyslipidémie (taux de graisse trop élevé dans le sang), découverte fortuitement chez 3 patients sur 4 au cours d'un examen systématique. L'obésité touche 51% de la population adulte, soit plus d'un Algérien sur deux, selon la même étude qui révèle, en outre, que 40% d'hommes et 66% de femmes sont obèses ou en surpoids. L'hypertension artérielle, méconnue chez deux patients sur trois, atteint 36% de la population adulte et dépasse 50% chez les patients de plus 55 ans. Les dyslipidémies, c'est-à-dire l'excès de cholestérol ou de triglycérides dans le sang, sont dominées par l'hypercholestérolémie (excès de cholestérol) qui atteint, en moyenne, près d'un adulte sur six (plus de 1,5 million d'Algériens) et 29% de la population après 65 ans. A noter que l'hypercholestérolémie, qui est l'une des principales causes de l'athérosclérose, une accumulation de graisse (surtout le cholestérol) et d'autres substances sur les parois intérieures des artères, entraîne une diminution du flux sanguin pouvant aboutir à une occlusion complète, explique cette étude.