L'hémicycle de la wilaya d'Oran a accueilli, hier matin, l'association «Santé Sidi El Houari» (SDH) pour la présentation des résultats de l'étude qu'elle a réalisée sur la vulnérabilité des jeunes de 10 à 19 ans dans les quartiers de Sidi El Houari, Les Planteurs et Ras el Aïn. Cette étude, faite en partenariat avec l'UNICEF, a été menée par de jeunes universitaires du département de sociologie, encadrés par le Dr Lekdjaa. Les résultats ont été exposés en présence du représentant de l'UNICEF, M. Davin, de M. Filali, secrétaire général de la wilaya, des présidents des APC ainsi que des directeurs d'exécutifs. La méthodologie adoptée consistait en un questionnaire abordant des problématiques aussi variées que la scolarité, le chômage, la vie de quartier ou les relations familiales. Ce point, qui a été abordé en premier lieu, a mis en relief ceci : «Malgré tout ce que l'on pense, la famille continue à fonctionner comme une cellule solide et 78,3% des sondés entretiennent de bonnes relations avec leurs parents, frères et sœurs et ce, malgré l'exiguïté des logements où l'on constate que 47% de ces jeunes vivent dans une à deux pièces pour toute leur famille (5 à 10 personnes)». Ce déficit en matière d'habitat et d'infrastructures crée un désir très marqué de ces jeunes de quitter leurs quartiers auquel ils reprochent d'abord leur «manque d'ordre et de sécurité». Néanmoins, interrogés sur leur destination, 60% de ces jeunes souhaiteraient juste changer de quartier contre 20% qui choisiraient d'émigrer vers l'étranger. Ce résultat très étonnant montre finalement que «le désir de la harga n'est pas aussi important que l'on croit». Concernant la scolarité, sur les 227 jeunes de l'échantillon exclus du système scolaire, 30% l'ont été au primaire malgré l'interdiction d'exclusion jusqu'à l'âge de 16 ans. La formation professionnelle, souvent présentée comme une alternative à l'école, provoque, quant à elle, une insatisfaction très importante, puisque 50% des sondés se déclarent très insatisfaits. Le chômage s'en fait bien évidemment ressentir puisque 72,4% de l'échantillon sont sans emploi, le reste activant en majorité dans l'informel. Sur la thématique de la santé, la toxicomanie reste très précoce, avec des débuts souvent constatés vers l'âge de 10 ans. Le sida est assez peu connu puisque 27% de l'échantillon déclarent carrément ne pas savoir ce que c'est. Sur la question de la violence, même si la condamnation est générale, un quart des sondés considère qu'elle est largement justifiable eu égard à la situation déplorable dans laquelle ils vivent. L'on remarque tout de même que, malgré toutes les difficultés, ces jeunes font des projets pour l'avenir. «L'émigration n'est pas une priorité», les jeunes garçons cherchent plutôt à rentrer rapidement dans le monde du travail tandis que les filles s'accrochent plus à leurs études. Fait étonnant, interrogés sur leurs projets, les jeunes y donnent souvent une dimension très collective, visant à aider le maximum de leurs pairs à s'en sortir.