Selon des sources judiciaires, le tribunal d'El Hadjar a désigné un expert judiciaire dont la mission est d'établir un rapport sur les pratiques commerciales entre le complexe sidérurgique d'El Hadjar et Fellah Hacène, magnat de la ferraille en Algérie et vice-président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Annaba, placé sous mandat de dépôt depuis mai 2009. Il s'agit de maître Foufa, un expert dépêché depuis la wilaya de Blida. Son expertise doit lui permettre d'établir deux rapports ; le premier passera au peigne fin toutes les transactions conclues entre l'unité Fersid d'ArcelorMittal El Hadjar, chargée de la réception de la ferraille dans le cadre d'un contrat de sous-traitance avec l'entreprise de Fellah Hacène et, éventuellement, le dol causé par cette dernière à ArcelorMittal en matière de fausse facturation. Le second, quant à lui, concerne les impôts. Une fois établi, ce rapport permettra à l'expert de Blida de déterminer avec exactitude le préjudice causé au fisc. Cet expert n'est pas le seul à se pencher sur les scandales d'ArcelorMittal. Parallèlement, maître Boukhari, expert également, a été désigné par Vincent Legouic, directeur général d'ArcelorMittal, à l'effet d'établir un rapport d'expertise qui permettra d'évaluer le préjudice financier causé au complexe par la firme indienne GSW. Cette décision est l'une des résolutions adoptées le 31 juillet 2009 à l'issue de la réunion du conseil d'administration d'ArcelorMittal tenue au lendemain du premier scandale qui a éclaboussé GSW. Les membres du conseil d'administration – le président Arnaud Jouran (présent par audio-conférence), Vincent Legouic, Amar Belkacemi et Rachid Benmihoub (représentants le groupe Sider) – avaient également, pour rappel, décidé à l'unanimité de « mander Vincent Legouic de veiller à suivre étroitement l'évolution du dossier Fellah Hacène, d'agir chaque fois que nécessaire pour la protection des intérêts du complexe et d'en rendre compte périodiquement au conseil d'administration ». Victime d'agissements frauduleux de ces deux entreprises sous-traitantes qui l'approvisionnent en ferraille – le superviseur indien de GSW et le patron algérien Fellah Hacène sont actuellement en prison –, ArcelorMittal compte déterminer et récupérer le montant du préjudice qu'elle a subi ; en cas de refus de paiement, celle-ci intentera une action judiciaire contre elles. L'entreprise Fellah Hacène avait, pour rappel, livré et facturé en l'espace de deux mois seulement (juillet et août 2007) pour le compte de Fersid un surplus en ferraille de 8500 tonnes. Une manœuvre qui lui a permis d'engranger indûment l'équivalent de 1,2 million de dollars. Cet écart a été découvert lorsque les enquêteurs ont comparé les quantités facturées et celles réellement livrées par Fersid aux aciéries à oxygène ACO1 et ACO2 pour leur transformation en produits fini et semi-fini. Quant à l'entreprise indienne GSW, elle s'était rendue coupable de la même supercherie ; les premiers éléments de l'enquête permettent d'estimer le préjudice à 20 milliards de centimes.