Dynamique et alerte, Malek Djelouli éprouve une véritable passion pour ce petit coin de paradis. Le professeur de sport ne tarit pas d'anecdotes historiques autour de ce qu'il appelle «un musée écologique à ciel ouvert». «La pharmacie de l'époque médiévale», renchérit-il. De ses jeux d'enfants, à sa prime jeunesse, alors qu'il est membre des scouts musulmans, Malek Djelouli n'a jamais quitté la baie des Aiguades. En 2010, il devient président de l'Association pour la protection et la sauvegarde de la baie des Aiguades, créée deux ans plus tôt. «J'ai élargi le champ d'action de l'association en introduisant le sport et la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel», précise-t-il, en parcourant le petit chemin en contre-bas qui mène vers la petite baie à grandes enjambées. Le siège de l'association émerge petit à petit derrière les feuillages. «Voici la baie des Aiguades», s'exclame-t-il en balayant le paysage de la main droite, avec un regard où se mêlent fierté et admiration. Le temps est nuageux et une légère brise fait onduler son survêtement de sport sombre. La mer est bleue azur et la végétation dense. Constructions illicites Le prochain chantier de Malek Djelouli sera la création d'un musée de la marine. L'histoire de la région laisse deviner de véritables trésors engloutis. Des trésors qu'il ambitionne de révéler via une exploration marine de la région. Le projet est actuellement au stade de discussions, mais Malek Djelouli ne manque pas d'arguments. D'ici là, l'association concentre ses efforts sur la formation des jeunes dans le domaine de la sensibilisation et la préservation de la faune et de la flore. Campagnes de reboisement et de ramassage des déchets rythment l'année. Mais ce qui agace le plus le président de l'association, ce sont les constructions illicites qui pullulent dans la région. Selon lui, elles représentent un véritable danger du fait des activités qu'elles abritent et des déchets qu'elles génèrent. En effet, poubelles renversées et canettes de bière jetée à même les sources d'eau enlaidissent le paysage. Singes en danger Ses craintes sont nombreuses. Des risques d'érosion à l'affection de l'écosystème, jusqu'à la disparition de certaines espèces rares. Des craintes partagées par le Parc national de Gouraya (PNG), dont fait partie la baie des Aiguades. Créé en 1924, le parc a pour objectif la sauvegarde et la protection de ces 2080 ha. Rabeh Boutekrabt, conservateur divisionnaire des forêts, chef de secteur oriental du PNG, s'occupe d'une espèce en particulier : le berbère ou magot. Ces petits singes qui vivent exclusivement au nord de l'Afrique sont très faciles à approcher. Il suffit de pénétrer dans le parc pour distinguer ces petits êtres agiles et espiègles. Les plus téméraires n'hésitent pas à s'approcher des visiteurs qui se réjouissent de les nourrir. Un comportement que redoute Rabeh Boutekrabt, vu les graves conséquences qu'il entraîne. «Nourrir les singes magots les rend obèses et fainéants. Il ont du mal à se déplacer entre les branches, et lorsque l'hiver arrive et que les visiteurs se font rares, ils ont des difficultés à se nourrir», explique le conservateur divisionnaire. D'autant que la nourriture offerte n'est pas toujours idéale pour le singe. «Quatorze cas de mort par intoxication ont été enregistrés cette année», précise-t-il. Le suivi de 160 individus répartis sur quatre groupes a permis au PNG de recueillir de précieuses données sur leurs conditions de vie. Le nombre des singes magots dans la région est évalué à 360-400 individus. Hélas, plusieurs disparitions sont enregistrées. Enlevés, ces singes sont souvent utilisés à des fins commerciales. Lorsque la nature reprend le dessus et que leur instinct animal se révèle, ils sont souvent relâchés dans la nature. Rejetés par leurs semblables, leurs jours sont comptés. C'est pourquoi, la loi punit d'un an de prison ferme l'enlèvement des singes magots.