Ses 11,5 km de côte méditerranéenne constituent l'un des principaux atouts qui justifient la particularité de la région de Béjaïa, connue et reconnue pour sa beauté exceptionnelle. Ce réservoir de biodiversité, qui recèle en son sein des monuments historiques et archéologiques inestimables et des sites pittoresques inégalables, figure aussi dans la nomenclature des réserves mondiales de la biosphère. S'étendant sur une superficie de 2 080 ha, le Parc national du Gouraya (PNG) est une aire protégée créée par décret n°84/327 du 3 novembre 1984. Patrimoine historique et touristique par excellence, il renferme des richesses faunistique et floristique incommensurables. Un vaste massif forestier, surplombant le golf de Béjaïa, couvre une grande partie du parc et regorge de sources d'eau pure et naturelle. En dépit des coups durs que subit de plein fouet le PNG, à l'image de ces actes d'incivisme entraînant la dégradation du site, celui-ci constitue un pôle d'attraction incontournable pour les visiteurs de la capitale des Hammadides. C'est grâce aux efforts que déploie quotidiennement l'équipe dirigeante du PNG, à sa tête le dynamique Ali Mahmoudi, directeur du parc, que cette réserve naturelle a pu s'assurer une surveillance écologique et préserver son biotope. Pour M. Mahmoudi, le développement de l'écotourisme reste le meilleur moyen de permettre à Béjaïa et à sa région une croissance économique durable. C'est dans cette optique d'ailleurs que ce responsable a pris cette louable initiative qui consistait à doter le PNG de quatre infrastructures d'accueil, à savoir : Un écomusée central au siège du PNG, un musée de géologie situé au Bois Sacré, sur les hauteurs de la ville, un musée des savoir-faire locaux au niveau du lieudit 13 Martyrs et enfin un autre écomusée des zones humides implanté près du lac Mézaïa qui se trouve dans l'enceinte du parc d'attraction de la ville de Béjaïa. L'équipe du PNG, qui veille vigoureusement à la préservation des différents sites y existants, s'est chargée d'accomplir trois missions principales : les activités de protection qui consistent à gérer les dossiers du contentieux (suivi de tous les délits, délits et infractions constatées sur le terrain), la protection de la faune et de la flore, et le suivi de la pépinière et autres travaux de mise en valeur. La seconde tâche se rapporte aux actions de sensibilisation et d'éducation environnementales (intégration des populations riveraines, communication et information, accueil et orientation…). Enfin, la troisième activité est relative aux travaux de recherche s'effectuant sur la biodiversité, le développement durable et la surveillance écologique du territoire. RICHESSES FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE DU PNG Selon le directeur du PNG, le Gouraya est le dernier contrefort de ce qui est appelé chaîne calcaire kabyle. Il s'avance brusquement dans la mer et forme l'extrémité occidentale du golf de Béjaïa. Très riche en espèces animales et végétales, il renferme trois écosystèmes : terrestre, marin et lacustre. Abordant les variétés faunistiques, M. Mahmoudi nous fera savoir que sur les 35 espèces animales recensées au niveau du PNG, 5 sont des mammifères marins et 16 espèces sont protégées par la loi, telles que le singe magot, le porc-épic et le dauphin commun. En outre, le parc de Gouraya regorge d'une faune aviaire composée de 152 espèces dont 10 rapaces et environ 20 espèces d'oiseaux d'eau. 36 d'entre elles sont aussi protégées, à l'exemple de la chouette hulotte, de l'aigle royal et de l'aigrette. Il y a aussi la faune marine qui renferme quelque 211 espèces (dorade royale, mérou, thon, ombrine côtière, saule…), dont la liste a été mise à jour grâce à une étude confiée à l'Institut des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral. Concernant la flore, le PNG recèle pas moins de 460 espèces végétales (euphorbe, arborescente, acanthe molle…), dont 13 champignons et 7 lichens. Quant à la flore algale du parc, celle-ci est estimée à 285 espèces (lithophyllum lichenoides, cystoseira ercegovicii, cystoseira mediterranea…). À tout cela s'ajoutent les 428 espèces d'invertébrés (l'entomofaune), dont 19 protégées, comme c'est le cas du Mantis religiosa. On a recensé également 11 reptiles dont une espèce protégée (tortue grecque) ainsi que 4 batraciens (amphibiens), dont la grenouille verte. Par ailleurs, le lac Mézaïa, s'étalant sur une superficie de 3 ha, recèle lui aussi un écosystème lacustre très riche (canard colvert, foulque, fuligule nyroca et autres palmipèdes…). Il est à noter que cette petite zone humide artificielle a été intégrée au parc du Gouraya par décision du wali de Béjaïa en l'an 2000. PATRIMOINE HISTORIQUE ET PITTORESQUE D'une beauté éblouissante, le Parc national du Gouraya offre un paysage féerique susceptible de subjuguer les esprits et les cœurs des plus romantiques de ses visiteurs. Ses 15 sites historiques et 9 endroits pittoresques, recensés par les responsables du PNG, ont fait de lui un lieu de pèlerinage et de détente hors du commun. Le fort de Gouraya qui offre une vaste vue panoramique sur la splendide baie de Béjaïa, Ile des Pisans qui émerge dans la merveilleuse plage de Boulimat, le Marabout de Sidi Touati, la Muraille hammadide, Cap Carbon, Les Aiguades, Pic des Singes, Cap Bouak… sont autant de monuments historiques et sites touristiques qui ne cessent d'attirer chaque année de nombreux visiteurs nationaux et étrangers. Il y a lieu de préciser que le Fort de Gouraya est la destination privilégiée des hôtes de la ville des Hammadides. MENACES ET CONTRAINTES On ne peut parler de l'avenir du Parc national du Gouraya sans évoquer les vraies menaces qui pèsent sur l'environnement dans cette région pourtant à vocation touristique. Il y a tout d'abord les contraintes quotidiennes auxquelles font face les responsables du PNG, telles que les actes d'incivisme dont font preuve certains visiteurs du site. En effet, l'équipe du PNG procède quotidiennement à la collecte d'une importante quantité d'ordures propres aux produits alimentaires. Des centaines de bouteilles de bière, de canettes de jus et autres détritus sont ramassés chaque jour par les fonctionnaires du parc. Par ailleurs, on déplore l'implantation d'une décharge publique au cœur du PNG, plus précisément au niveau du versant nord surplombant la merveilleuse station balnéaire de Boulimat, l'une des destinations privilégiées des estivants. En dépit des nombreuses mises en garde des écologistes et des différents animateurs du mouvement associatif de la région qui n'ont eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme sur les désagréments que cause cette décharge, les autorités locales demeurent insensibles à cette préoccupation majeure. Sinon, comment expliquer le retard qu'accuse le fameux projet portant délocalisation de cette dernière. La réalisation du centre d'enfouissement technique (CET) de la ville de Béjaïa semble renvoyée aux calendes grecques. À ce casse-tête qui constitue un véritable désastre écologique sont venues se greffer les trois carrières d'agrégats, installées sur les hauteurs du mont Gouraya. Malgré les démarches entreprises par les responsables du PNG qui ont engagé des poursuites judiciaires contre les exploitants de ces carrières, ces derniers continuent à sévir impunément. En outre, la volonté et les efforts des autorités en charge de préserver le PNG sont en butte à un autre phénomène, non moins négligeable. Il s'agit des indus occupants qui squattent les lieux, à l'exemple de cette famille expulsée d'Alger qui n'a rien trouvé de mieux que de se réfugier dans la bâtisse abritant l'antenne de la Protection civile au niveau de la plage des Aiguades. Ainsi, les écologistes et les férus de la nature de la région assistent impuissants à la dégradation continue de l'une des meilleures réserves de biosphère au monde. KAMEL OUHNIA