Kamel Amghar La ville de Béjaïa occupe un site naturel enchanteur. Des voyageurs illustres, des hommes de lettres, des artistes et des aventuriers vantent depuis toujours les splendeurs de la capitale médiévale des Hammadites. La cité est en effet logée au cœur du Parc national de Gouraya (PNG), une belle réserve naturelle s'étendant sur 2 080 hectares, jalonnée de paysages d'une beauté exceptionnelle. Le sommet du Gouraya, le cap Carbon, le cap Bouak, la baie des Aiguades et Sebaâ Djebilet (les sept monts) comptent parmi les endroits les plus réputés. Des curiosités qui émergent d'un décor varié et haut en couleurs, fait de plages sablonneuses, de criques de galets, de bosquets fleuris, de ruisseaux cristallins et de forêts broussailleuses. Culminant à 430 mètres au-dessus de la mer, le Pic des singes offre un panorama captivant. Accessible par un étroit sentier rocheux à flanc de montagne, le pic, en forme de «balcon suspendu», est bordé d'un parapet en pierre taillée pour apaiser le vertige du visiteur qui voit défiler sous ses pieds des collines boisées et des falaises abruptes plongeant dans la Méditerranée. Sur le dôme, qui domine jusqu'aux lointains massifs des Babors, on trouve une «table d'orientation» en céramique, sous forme d'une carte marine du golfe de Béjaïa. Les autorités y ont également aménagé une petite aire de jeux et de détente sous des pins centenaires permettant aux enfants de se distraire. On s'y rend le week-end pour pique-niquer et s'oxygéner. Le vendredi et samedi après-midi, l'endroit est très animé. Des familles, des couples et des bandes de jeunes s'y retrouvent pour décompresser et rompre avec la routine. À partir de ce mirador unique, le promeneur a, au bout du regard, un panorama époustouflant sur tout le rivage. La charmante présence du singe magot, appelé aussi «macaque berbère», d'où d'ailleurs le nom du pic, ajoute à la féerie des lieux. Ce décor enchanteur est rendu encore plus vivant par le gazouillis de plusieurs groupes d'oiseaux. Les surveillants du PNG ont dénombré pas moins de 135 espèces de volatiles dont 10 rapaces. Les mêmes services ont également répertorié 25 espèces de mammifères où domine, bien évidemment, le singe magot. Un écomusée a été récemment créé par le PNG pour sensibiliser les populations locales et les touristes sur la fragilité de l'écosystème. En effet, l'attitude irresponsable de certains visiteurs qui offrent aux primates des sucreries et d'autres aliments domestiques est vivement dénoncée. «Cela désacclimate le régime alimentaire des singes et leur cause des ennuis de santé, notamment des caries dentaires», insistent constamment les gardiens des lieux qui se plaignent aussi des ordures ménagères laissées souvent sur place par les pique-niqueurs. Les feux de forêts, récurrents durant la saison chaude, constituent une autre menace pour l'équilibre écologique et la diversité florale et faunistique du Parc. Le Pic des singes, comme l'ensemble du Parc national de Gouraya, compte beaucoup pour la ville de Béjaïa. Les citoyens et les visiteurs doivent en prendre conscience pour sauvegarder cette belle œuvre de Dame Nature. K. A.