1er Novembre, bravoure, courage, misère, pauvreté, libération, réussite, bonheur, honneur, drapeau algérien, épanouissement de l'homme ou encore événement dépassé et histoires ressassées… se sont là les clichés et stéréotypes que nous développons par rapport à la Révolution. Selon une étude portant sur les procédés langagiers de la stéréotypisation de la Révolution chez les Algériens contemporains, ces réalisations linguistiques n'expriment pas un avis positif ou négatif sur cet événement mais uniquement un recyclage, une réutilisation de tout ce qui se dit dans notre communauté concernant la Révolution. « Les Algériens stéréotypisent la Révolution parce qu'ils y assoient une représentation réductrice par la fabrication des termes déjà cités », explique Kamila Oulebsir, chercheuse qui a réalisé cette étude. « Le discours que la communauté algérienne porte sur la Révolution est criblé de stéréotypes et des clichés tels que : la Révolution, c'est une porte de sortie, la Révolution, c'est ma mère, la Révolution, c'est le 1er Novembre et la première balle. Toutes ces définitions-types font que la Révolution obéit à un schème stéréotypé, figé et ressassé que nous n'arrivons pas à changer depuis l'Indépendance », indique l'universitaire. En effet, interroger un locuteur algérien sur le sens de la Révolution, ajoute t-elle, revient à recevoir des mots, des associations phrastiques toutes faites qui figent la représentation que l'on peut en donner. Donc, parler de la Révolution passe essentiellement par des mots (gloire, fierté, vie sacrifice, djihad, chahid) d'adjectifs (beau, grand, inoubliable, dépassé) d'énoncés proverbiaux (« celui qui ne monte pas sur les épaules de ses ancêtres ne verra pas bien son avenir ») et des idées reçues et des lieux communs (« De gaulle a donné l'indépendance à l'Algérie », « seuls les gens instruits qui s'intéressent à la Révolution »).