Les données erronées de l'histoire de la Révolution seraient dues à la version donnée par l'école algérienne. « L'histoire a été largement ressassée par l'école, l'élève se retrouve alors avec un savoir inculqué, imposé, narré et sclérosé », affirme une enseignante universitaire. Ayant effectué une recherche portant sur les procédés langagiers de la stéréotypisation de la Révolution chez les Algériens contemporains, Kamila Oulebsir explique que « l'élève reçoit un enseignement dogmatique concernant cette période charnière de notre histoire. Il apprend, certes, la gloire de ses aïeux, les batailles de ses ancêtres, mais le système éducatif reste défaillant dans la mesure où il n'a pas su cerner un évènement aussi important que la guerre de libération nationale ». La quasi-totalité des interlocuteurs, échantillon de cette recherche, ont répondu négativement à la question portant sur le rôle de l'école dans la prise de connaissance de l'histoire de la guerre de libération nationale. L'école algérienne aurait dispensé un enseignement sur la révolution qualifié de démagogique, incomplet voire falsifié, selon l'enseignante universitaire spécialiste en science du langage. « On lit clairement dans l'introduction du manuel de cinquième année primaire que l'enseignement permettra à l'élève de connaître les sacrifices énormes de ses pères, de ses ancêtres, de son peuple pour la liberté de sa patrie. Alors que le rôle de l'école est d'amener les élèves à réfléchir sur un savoir, ce qui est fait chez nous c'est gaver les esprits d'un contenu fabriqué, fait en langue de bois, on ne citant que les points dits positifs de cette guerre », lit-on dans l'étude menée cette année. « Nous citons Stora qui dit qu'en Algérie comme ailleurs, les manuels scolaires restent des outils essentiels pour forger, fabriquer des mythologies nationales à partir de récits historiques produits par la volonté des Etats », explique la linguiste. Et d'ajouter : « historiens et locuteurs se mettent d'accord pour dénoncer un dispositif définitoire stéréotypé de la Révolution que l'école algérienne a contribué à asseoir. Nous avons constaté qu'il y a une méconnaissance de l'Histoire, notamment par la jeune génération. Cette méconnaissance est, à la fois, due à l'enseignement dogmatique de l'école et au désintérêt affiché par cette catégorie. Les jeunes ignorent actuellement beaucoup de points historiques jalonnant la Révolution. Les stéréotypes qu'ils produisent sont soit négatifs soit ceux déjà appris sur les bords de l'école », déclare t-elle.