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Camus et l'Algérie… encore
Publié dans El Watan le 08 - 11 - 2009

France 2 propose aux téléspectateurs une fois par semaine (le vendredi soir en général entre 21 et 22h) une émission fort intéressante : « Vous avez le dernier mot », animée par Franz Olivier Gisberg qui ne manque pas de talent et qui rebondit magnifiquement après chaque éclipse.
Ce journaliste et romancier est né en Amérique où il séjournera en 1979 comme grand reporter. Il a été rédacteur au Nouvel Observateur, ce qui lui a permis d'interviewer Mitterrand et Rocard. Il a eu des responsabilités, notamment au Figaro et surtout Le Point qu'il a dirigé durant quelques années. Au début de ce siècle, il semble de plus en plus intéressé par les émissions d'actualité culturelles, comme c'est le cas actuellement. L'originalité de sa revue est de proposer, en plus des livres les plus en vue et l'actualité de la semaine, une rencontre entre intellectuels qui ont pour mission d'exprimer leur point de vue sur un sujet, un penseur ou un écrivain. En quelque sorte, il leur demande de s'affronter comme dans un combat (c'est le terme utilisé dans l'émission), chacun défendant au mieux la personne qu'il est censé représenter. Il y a quelques jours, le débat proposé était le combat entre Camus et Sartre, deux éminents intellectuels français qui ont vécu à la même époque, tous deux résistants et tous deux lauréats du prix Nobel de littérature que le premier nommé a accepté et que le second a refusé pour des raisons qui lui étaient personnelles. Camus était défendu par Michel Onfray, la soixantaine, issu d'une famille très modeste dont la mère était femme de ménage et un père ouvrier agricole. C'est un philosophe français qui, par ses ouvrages, son esprit conceptuel, ses prises de position politiques est devenu un personnage incontournable dans les débats actuels sur la philosophie. Se disant ouvertement proche de Nietzche, il a privilégié l'esprit à la lettre. Il ne cache pas d'être athée et de préconiser l'athéisme dans l'Etat et de ne croire qu'au paradis sur terre. Sur le plan politique, il est un peu déroutant, car après avoir été à gauche de la gauche, il a déclaré récemment qu'il n'est pas contre le capitalisme et pour la propriété privée. C'est assurément une forte personnalité et un philosophe redoutable qui ne fui aucun débat.
Sartre, et c'est tout naturel, est défendu par Claude Lanzman dont on sait qu'il l'a connu et travaillé avec lui et sa compagne Simone de Beauvoir. Il est plus âgé que son adversaire du jour. Issu d'une famille juive de Minsk et de Biélorussie émigrée en France au début du XIXe siècle, Lanzman, qui a été résistant durant la Deuxième Guerre mondiale fera son chemin dans le sillage de Sartre. Il sera journaliste écrivain, philosophe et cinéaste qui l'amènera à réaliser le film La Shoah qui, pour beaucoup, est une œuvre gigantesque relatant les crimes nazis sur les juifs. En Algérie, on le connaît bien car on n'oublie pas qu'il a signé le Manifeste des 121 intellectuels qui dénonçaient la répression en Algérie. Cet engagement lui coûtera d'être au banc des accusés et de frôler la peine de mort. Camus et Sartre, tous deux résistants et amis, se sont séparés dans les années 1950, mais ils vont rompre toute relation après le début de la guerre d'Algérie. Camus, restant suspendu aux jupons de sa mère, va jusqu'à refuser de s'associer à de nombreux intellectuels comme J. Amrouche, Sartre, Lanzman et bien d'autres qui dénonçaient la guerre d'Algérie. L'attribution du prix Nobel de littérature à Camus ne fut pas appréciée par de nombreux intellectuels et surtout par Jean Senac qui estimait que Camus avait le prix Nobel de la « pacification », une façon de parler à l'époque de la guerre qui faisait rage en Algérie. Avec un présentateur de renom, deux éminents philosophes et un sujet explosif, « Combat entre Camus et Sartre », l'affiche, comme on dit dans le spectacle, était alléchante. Et de fait, le début était prometteur chacun des antagonistes s'évertuant à défendre le mieux qu'il pouvait son « client » du soir. Onfray va soutenir bec et ongles que Camus est un philosophe et il en veut pour preuve que Camus est lu plus que Sartre. Lanzman va rappeler le combat de Sartre contre la décolonisation qui n'était certes pas un narrateur des plus célèbres, quoique son livre Les mots était un chef d'œuvre, mais un grand philosophe incontestable et que son concept de l'existentialisme a été adopté par toute une jeunesse après la Deuxième Guerre mondiale.
Lanzman ne remet pas en cause la valeur de Camus comme un écrivain et un narrateur hors du commun, en référence à ses romans comme L'étranger et Le premier homme, ce que d'ailleurs personne ne conteste, mais il ne voit pas le fait que Camus soit plus lu que Sartre et qu'on lui attribue le titre de philosophe. On sait d'ailleurs qu'un roman est relu plus facilement, surtout quand l'écrivain est célèbre et que dans la philosophie, une matière ardue, fait que le philosophe ne soit pas très revisité. Le nombre de lecteurs n'a jamais servi de garantie pour l'aura d'un écrivain. Le débat était lancé, mais voilà que subitement, comme dans un match qui sent le parfum, il va diminuer d'intensité pour devenir franchement monotone. Le combat cessa comme on dit faute de combattants. Onfray tenta une dernière tentative pour provoquer son adversaire en affirmant que Camus avait raison, eu égard à ce qui se passe en Algérie. Lanzman, étrangement, refusait le combat, lui qui a failli être décapité pour avoir été du côté des Algériens qui combattaient pour leur indépendance, il ne répliqua pas et alla même dans le sens d'Onfray. Le débat était clos et on restera sur notre faim et moi à me demander encore si le mordançage de Camus en tant que philosophe était officialisé ou non. J'ai même été étonné lorsque les deux protagonistes se sont mis d'accord pour s'interroger si l'indépendance était une bonne chose pour l'Algérie, donnant en quelque sorte raison à Camus qui avait opté pour l'Algérie française. Il me semble que les mieux placés pour répondre à cette question sont les Algériens. Et si l'un de nous était sur le plateau, il aurait répondu sans aucune hésitation que rien ne vaut la liberté et la dignité dont les Algériens était privés durant plus de 130 ans. Ils ont terriblement souffert, ils étaient humiliés, maltraités, démunis et considérés durant cette période comme des hommes à peine valables pour faire partie du 2e collège. Ils diront que nous étions à peine 14% à fréquenter l'école, le collège ou l'université en 1962. Actuellement, il n'y a pratiquement pas d'analphabètes, nous avons des milliers de techniciens, d'ingénieurs.
De 100 médecins après l'indépendance, on a un taux de praticiens des plus élevés par tête d'habitants de par le monde et d'ailleurs des milliers d'entre eux trouvent un emploi en Europe et en Amérique où ils sont bien appréciés. Ce renouveau touche aussi les femmes qui comme les hommes occupent presque toutes les fonctions. Ils diront aussi sans rougir qu'il reste beaucoup à faire et dans tous les domaines. L'Algérie, comme beaucoup de nations, connaît des problèmes, surtout en ce moment où presque tous les pays, grands et petits, connaissent la crise et les dégâts provoqués par les politiques financières, la mondialisation à outrance et la recherche de la croissance à tout prix qui ont plongé l'humanité dans la faillite et le désarroi. Les Algériens sont conscients que tout ne va pas bien dans leur pays et ils n'hésitent pas à le dire. Ils sont conscients qu'il faut encore beaucoup de sacrifices et de sueur pour que leur pays soit au niveau de leurs espérances. Non, ils ne regrettent pas d'avoir lutté pour la libération de leur pays, et si c'était à refaire, ils le referont encore avec la même énergie, la même détermination et en consentant plus de sacrifices si cela était nécessaire. Ils savent que la reconstruction d'un pays demande de la patience, du temps et comme on dit chez vous : « Paris ne s'est pas faite en un jour ». Cela étant, les critiques que j'ai émises n'enlèvent en rien à la qualité de l'émission, et comme j'ai de l'estime et de l'admiration pour le présentateur, je me permets de lui suggérer de programmer un combat entre des royalistes (ils existent encore) et des descendants des sans-culottes dans une de ses futures émissions. Je serai, comme chaque vendredi, un fidèle téléspectateur.


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