Le spectacle, présenté à la grande salle du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, était coloré et plein de surprises, comme le veut l'opéra traditionnel chinois. La troupe que dirige Zhang Xinmin a choisi de mettre en avant les combats à travers les quatre tableaux présentés. Donc, moins de chants et de représentation théâtrale. Manière de s'adapter à la philosophie locale ? Peut-être ? L'Opéra de Pékin est, en fait, un genre connu de l'opéra chinois. Il s'agit d'un spectacle construit autour du théâtre, de la musique et des danses. Les acteurs sont tous habillés en costumes colorés exprimant le sens des pièces jouées sur scène à travers des mouvements chorégraphiques. A la croisée des chemins, le première pièce, évoque l'histoire du général Jiao Zan de la dynastie des Song (nord de la Chine). Jiao Zan est condamné à l'exil d'une manière injuste. Sur la route, il s'arrête à Sanchakou, à l'auberge de Liu Lihua qui comprend que le militaire est en danger. L'aubergiste mènera un combat contre l'intriguant, Ren Tanghui, en pleine nuit. «La légende du serpent blanc» Le combat est représenté sur scène par une série d'acrobaties et de jeux chorégraphiques très physiques sur fond de percussions insistantes. Plus légère, la pièce Les pétales jetées par les fées est supposée exprimer «une épreuve» de Boudha. Ce dernier avait demandé aux fées de jeter des pétales de roses sur des disciples pour savoir jusqu'où peut aller leur spiritualité. Avec un ruban coloré, la danseuse a testé toutes les valeurs de la géométrie pour redonner sur scène le sens philosophique de cette pièce et son parfum. La légende du serpent blanc, troisième pièce, raconte, en mouvements gracieux et suggestifs, l'histoire de Bai Suzhen, l'immortel serpent qui se transforme en femme. Bai est amoureuse du jeune Xu Xian. A la découverte du secret, Xu tombe malade. Il lui faut un champignon miracle. Bai va tenter de le retrouver en livrant une bataille à mort aux gardiens du champignon. Autre histoire d'amour : la fée Linbo et le jeune Bai Yong se rencontrent sur le pont arc-en-ciel. Le Dieu Erlang est contre cette rencontre et veut rattraper la fée. Linbo, aidée par les animaux du lac, va livrer elle aussi une bataille contre les guerriers, Jialan et Nezha. Dans cette pièce, on retrouve l'art martial, qui est également présent dans l'opéra chinois. Un opéra complètement différent de celui de l'Europe. La troupe de l'Opéra de Pékin du Heilongjiang a déjà 63 ans d'âge. Elle est connue en Chine par des spectacles tels que La lune sous le pont Lugou, La grande cause ou Les herbes sous les arbres. Ses acteurs, comme Wang Hailong, Zhang Huan, Ma Jia ou Wu Junfeng, sont des célébrités nationales. La plupart ont obtenu de nombreux prix. En Chine, la distinction la plus prestigieuse pour les acteurs d'Opéra est «La fleur du prunier». La province du Heilongjiang, qui porte le nom de la rivière du dragon noir, est située au nord de la Chine, non loin de la Russie et de la Mongolie intérieure. C'est une province connue par son hiver glacial et son printemps coloré, les montagnes de Xing'an, les plaines de Sanjang, les lacs et les forêts. Heilongjiang, dont la capitale est Harbin, est habitée par 38 millions d'âmes, presque le même nombre d'habitants que l'Algérie. «Nous avons invité l'Opéra de Pékin en Algérie pour célébrer le 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays et également le 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie», nous a déclaré Sakhr Shi Yuewen, conseiller culturel à l'ambassade de Chine à Alger. «On reproche souvent à la Chine de se concentrer sur le commerce et l'économie. Ces dernières années, Pékin porte son intérêt sur la culture pour densifier ses relations avec les autres pays. Une manière de les rendre durables. Le dernier congrès du Parti communiste a insisté sur l'idée de s'intéresser davantage aux questions politiques et culturelles.» 55e anniversaire de l'établissement des relations algéro-chinoises Les Chinois veulent, en quelque sorte, éviter l'erreur commise par le Japon par le passé. «Aujourd'hui en Afrique, vous trouvez partout des centres pour enseigner la langue chinoise», a analysé l'universitaire, Smaïl Debeche, président de l'Association d'amitié algéro-chinoise. Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a, pour sa part, estimé qu'il ne faut jamais oublier que la Chine a été le premier pays à reconnaître le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) en 1958. «La Chine était l'amie du peuple algérien en lutte contre le colonialisme. On garde toujours cela en mémoire. L'Algérie a tout fait pour que la Chine revienne, après son exclusion, aux Nations unies dans les années 1970. En matière culturelle, la Chine n'est pas un pays, mais un monde immense, ouvert et riche. Nous espérons qu'un jour notre Ballet national, notre Orchestre symphonique, nos artistes aillent se produire à Pékin. J'ai visité l'Opéra de Pékin, c'est une merveilleuse œuvre architecturale. Cela ressemble à un œuf sur l'eau.» L'Opéra de Pékin, un œuf sur l'eau «J'en profite pour remercier le gouvernement chinois du don qu'il a fait à l'Algérie à travers la construction de l'Opéra d'Alger», a-t-elle déclaré après le spectacle. Il a été difficile, selon elle, de trouver un terrain pour ce projet. «Une fois le terrain trouvé, il a été compliqué de régler toutes les questions liées à l'environnement du foncier. L'entreprise chinoise est là, elle travaille. Cette entreprise a déjà réalisé l'Opéra de Pékin et le fameux stade ‘‘Nid d'oiseaux'' (stade olympique de Pékin, construit en 2008). Les Chinois n'ont donc pas choisi n'importe quelle entreprise pour le projet de l'Opéra d'Alger», a-t-elle précisé.