A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France.L'assassinat au couteau du professeur Dominique Bernard au lycée Gambetta d'Arras le 13 octobre 2023 (ainsi que les blessures de trois autres professeurs et de deux gardiens de l'établissement) par Mohammed Mogouchkov, jeune homme de 20 ans, de nationalité russe d'Ingouchie dans le Nord-Caucase, fiché S. Contrôlé par la DGSI un jour auparavant, avec une famille qui aurait dû être expulsée en février 2014 (elle avait été transportée jusqu'à l'aéroport), mais avait été sauvée par des associations d'aide au migrant (MRAP, Cimade, RESF 35 et d'autres collectifs), avec un père radicalisé qui a finalement été expulsé en 2018 et un frère déjà interpellé par la DGSI en 2019 dans le cadre d'un projet d'attentat et en détention pour 5 ans car il n'avait pas dénoncé un projet d'attentat. Encore un cas qui coche « trop de cases pour être honnête»: assassinat d'enseignant par un jeune de la filière caucasienne pour raviver l'intégrisme laïc à l'encontre de l'Islam en convoquant la figure de Samuel Paty, laxisme des autorités, cette fois-ci pour le suivi des fichiers S et pour l'exécution des décisions d'expulsions. Et ainsi de suite dans une liste minutieusement dressée par le journaliste-enquêteur François Belliot de cas psychiatriques ou d'individus instables vivants en marge de la société ou de délinquants invoquant ou non une inspiration de l'Etat islamique. Le journaliste exprime aussi des doutes sur l'éventuelle manipulation de tout ou partie de ces « loups solitaires » aux profils très opportuns avant les attentats ainsi que sur l'attitude, potentiellement volontairement laxiste, des appareils de sécurité et judiciaire dans quasiment toutes les affaires pour faire progresser le détricotage des politiques d'immigration, d'accueil des réfugiés et de la neutralité de l'Etat à l'égard des Musulmans. Sans compter l'emballement médiatique des médias des milliardaires, notamment les médias Bolloré des « mille collines » pour s'emparer immédiatement de cas potentiellement emblématiques pour faire avancer à la Gramsci leur bataille culturelle et à déplacer la fenêtre d'Overton toujours plus à droite, comme l'a si malheureusement bien réussi Zemmour. Afin de réussir ce plan, les autorités françaises sous l'égide de François Mitterrand ont également obtenu en Algérie, le démantèlement de l'Amicale des Algériens en France en 1990 à travers leur maître espion Larbi Belkheir, conseiller inamovible de Chadli Bendjedid. L'Amicale des Algériens en France était une structure bien implantée dans l'ensemble des banlieues où elle assistait les familles d'origine algérienne et les associations communautaires dans leur vie quotidienne pour une intégration saine en France et représentait un obstacle au plan COINTELPRO dans tous ces aspects, notamment la conscientisation politique de cette communauté, sa capacité de résistance à l'attrait des trafics en tous genres et son ancrage culturel et moral pour ne pas sombrer la délinquance, la caricature et les délires intégristes. VI. La diabolisation des immigrés pour mettre en place la société néocoloniale et la future « remigration » – Naqba massive – La diabolisation des « immigrés » (y compris les Français issus de l'immigration) et l'épouvantail du grand remplacement. Après quarante ans de politiques néo-libérales en France marquées par la destruction du tissu industriel, une perte de souveraineté accélérée de la France au sein de l'Union européenne contrôlée par les Etats-Unis et les multinationales et, concomitamment, le grignotage sans fin de l'Etat-providence et la concentration de richesses et de pouvoirs digne du XIXe siècle entre les mains d'une poignée de milliardaires, la population française, notamment les classes moyennes et populaires, est précarisée, déclassée et en colère. Comme dans les années 1930 en Europe, l'alliance entre l'extrême-droite politique, l'Establishment droitisé (notamment les appareils sécuritaire et militaire) et les milliardaires, ne peut que se renforcer et accentuer son opération de diabolisation des immigrés et des Français d'origine immigrée, notamment musulmans, maghrébins et particulièrement algériens comme responsables de tous les maux de la société française. Ils sont diabolisés comme de mauvais citoyens et, pire, des ennemis de l'intérieur suite aux attentats douteux et amplifiés jusqu'à la nausée par les médias des mille collines des milliardaires. Leur rôle de nouveaux boucs émissaires, responsables de tous les maux de la société comme le furent les Juifs dans les années 1930, va « aspirer » la vie politique et publique française comme un trou noir dans les années à venir. D'ailleurs, un nouveau palier inquiétant a été franchi avec la nouvelle musique du « grand remplacement » démographique de la population française de souche par des apports ethniques non européens qui appelle en miroir la solution de la « remigration». Ces thèmes jouent sur la crainte naturelle de tous les peuples vivant dans un Etat-nation (puisque la nation est le socle originel de l'Etat) de ne pas laisser la composante démographique historique de son Etat-nation être diluée dans une société multiculturelle, avec des composantes perçues comme de plus en plus « éloignées » du socle d'origine sur un plan ethnique et culturel. Or, cette cassure avec les Français de souche, « perception devenue réalité », est l'un des « succès » du travail de sape de quarante années du plan COINTELPRO français de l'Establishment, initié d'abord par haine et racisme fondamentaux à l'égard des immigrés, des Maghrébins et des Algériens en particulier, dont ils n'acceptaient pas l'intégration progressive en France (comme ce qui a eu lieu aux Etats-Unis vis-à-vis des Noirs), et qui a conduit à un projet autoritaire, fascisant et faussement souverainiste, fruit d'un mélange de racisme et d'intérêt bien calculé. – La poursuite du détricotage des droits des immigrés et des Français issus de l'immigration jusqu'à la prise du pouvoir de la coalition droitière en 2027, ou avant. a) Le détricotage des droits des Français d'origine immigrée en continuant l'instrumentalisation des attentats ou des faits divers pour faire avancer son agenda législatif, l'Establishment réactionnaire et son allié politique d'extrême droite vont continuer à pousser leur agenda politique en obtenant quatre avancées dans les prochains mois ou années, jusqu'à leur prise de pouvoir complète : Tout d'abord, fermer le « robinet de l'immigration » en invoquant une exception au droit européen, ce qui a déjà été annoncé par les candidats du Rassemblement National à l'Assemblée nationale lors des élections législatives de 2024 et incorporé dans l'agenda du nouveau Premier ministre Michel Barnier (qui avait d'ailleurs proposé un moratoire de 3 à 5 ans sur l'immigration et des quotas d'immigrants lors de sa candidature aux élections présidentielles de 2022, ce qui n'est pas choquant en soi). Ces thèmes sont d'ailleurs repris par le nouveau favori en col blanc de l'Etat profond Edouard Philippe qui a déjà annoncé sa candidature pour les élections présidentielles de 2027. Mohsen Abdelmoumen