– La justice algérienne a lancé un mandat d'arrêt contre 8 personnes dans l'affaire Sonatrach. Est-ce un progrès ? Les affaires de corruption ne se résument pas à Chakib Khelil. Ce mandat d'arrêt est une histoire de guerre de clans. Pour que la justice italienne puisse bouger, il leur fallait des preuves matérielles des versements de pots-de-vin, tels que des relevés de comptes algériens. Si elle a pu obtenir ces preuves, c'est que quelqu'un les lui a fournies. Ce quelqu'un, c'est le clan du DRS qui a tous les dossiers de l'IGS nécessaires pour faire incriminer le clan de Bouteflika. Ce qui est étonnant pourtant, c'est que le DRS prend un énorme risque.
– Pensez-vous qu'il n'y a rien à espérer de la justice algérienne ?
La justice algérienne est dans un état lamentable. Elle est instrumentalisée et fragilisée par la Constitution elle-même. Le président de la cour d'Alger est un proche de Abdelaziz Bouteflika. Ses décisions sont politiques.
– Jusqu'à présent, la justice italienne a permis d'obtenir de nombreuses précisions sur le système de corruption. Pensez-vous que l'Italie finisse par condamner des responsables algériens ?
Lors d'une affaire de corruption internationale précédente, qui impliquait l'entreprise Serbia Telecom, les Italiens ont fini par constituer une commission qui a remis un rapport. Ça s'est arrêté là. Les pays européens savent instrumentaliser leur justice quand il y a des intérêts économiques en jeu. Ce procès est l'occasion pour Rome d'obtenir les faveurs d'un clan algérien.