Ils étaient en effet des milliers de personnes à travers le pays, des moudjahidine, veuves de chahids, filles et fils de chahid, pupilles de la nation, autrement dit filles et fils des deux parents martyrs durant la guerre d'indépendance, à rejoindre Ibsekriene, un des villages les plus pauvres de la commune d'Aghribs, dans la daïra d'Azeffoun. Ils sont venus dès le 1er jour (19 août) d'Alger, de Souk Ahras, de Blida, de Bejaia, etc. pour prendre part à cette manifestation, historique, organisée par les comités des 3 villages (Azrou, Taddart Talemast et Agoumad) composant Ibsekriene, l'APC, les divers bureaux de la région de l'organisation nationale des moudjahidine (ONM). Cette journée a été marquée outre par une riche exposition photos et écrits de presse, des objets et des fragments d'armes de la répression coloniale française, mais aussi par d'émouvantes déclamations de poèmes patriotiques, chantés par de vieilles femmes du village, et, en soirée, par des conférences d'illustres auteurs et anciens maquisards, tels que Hadj Salah Mekacher, Djoudi Atoumi et Dr Bouyezri. Le village Ibsekriene a donné des patriotes hors du commun, à l'image de Didouche Mourad, l'un des six chefs historiques de la guerre d'indépendance. Ibsekriene a été également le berceau, d'origine ou natal, de martyrs, parmi les principaux penseurs du déclenchement de la guerre de libération, tels que Didouche Mourad, ainsi que le capitaine Si Abdellah Maghni, Si Sadek, un des déclencheurs de l'insurrection dans la région de Larbaâ Nath Irathen. Des retrouvailles très touchantes entre d'anciens maquisards venus de partout dans la Kabylie ont marqué aussi la deuxième journée de cette manifestation. C'est le cas notamment de Hadj Ali Ameur, dit «Ali Magoura» du village du même nom dans la commune de Zekri, ancien tireur de pièce, avec son ami et compagnon d'armes Bersi Bachir du village Agraradj, ainsi qu'une diversité d'autres rencontres marquées par des larmes de bonheur de se retrouver entre compagnons de lutte pour l'indépendance. Avant l'offrande du couscous (waâda) aux milliers de présents, il a été procédé à la levée des couleurs nationales par un détachement de l'ANP (Armée nationale populaire) dont le casernement a été installé depuis des année sur les lieux, face à la stèle commémorative, érigée à la mémoire des chouhadas au lieudit «Timri n'Da3wa», une zone stratégique à l'entrée d'Ibsekriene et donnant sur des vues panoramiques étendues sur toute la région. Les responsables locaux, des élus et des villageois ont pris part ensuite à l'inauguration du monument à la gloire des martyrs de la révolution de Novembre. Faute de lieu approprié, rappelons-le, la fête a été organisée dans la maison de Si Moh-Cherif Abdellaoui, ancien responsable dans la zone autonome d'Alger (ZAA), qui assurait également des liaisons vitales entre les wilayas III et IV historiques.