Situé à quelques encablures du chef-lieu de la commune, le quartier est complètement délaissé par les autorités locales. Au quartier Lemmou Bagdadi (ex-Bois Joli) dans la commune de Draria, la cinquantaine de familles qui y résident depuis fort longtemps ont dû se prendre en charge et ce, à cause de l'absence des autorités locales, « qui se sont illustrées, ces vingt dernières années, en ignorant superbement le quartier », assure un habitant. La route qui mène à cet ancien hameau est en fait une impasse, elle serpente les entrailles d'une forêt dense et touffue pour arriver, au bout d'un kilomètre et demi, au bourg qui ne se trouve, en vérité, qu'à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Draria. Cette route bordée d'arbres est des plus admirables qui soit, mais elle est envahie à certains endroits par une végétation abondante, obligeant les habitants de la bourgade à entreprendre par l'unique force de leurs bras et de moyens dérisoires les travaux de débroussaillement qui incombent en principe aux services de l'APC. « Nous sommes obligés périodiquement de débroussailler, faute de quoi, la route devient impraticable, notamment en saison hivernale », nous confie un autre habitant. Toutefois, le bois offre une vue féerique mais qui est enlaidie par la route, qui dégage une vision de champs bombardé, tant elle se trouve dans un état lamentable. La dégradation est telle qu'il est impossible pour les véhicules d'emprunter le chemin sans en subir des dommages. « Pour rendre la route praticable, nous effectuons les travaux d'entretien à nos frais, en cotisant de l'argent destiné à l'achat de ciment, de sable et de gravier qui serviront de mortier pour colmater les excavations béantes qui parsèment la route », assure Yacine, un natif du quartier. Bien que la localité soit située à quelques centaines de mètres du chef-lieu de la commune, il se trouve qu'elle n'est pas alimentée en gaz de ville : « Nous attendons le gaz de ville depuis trente ans », affirme notre interlocuteur. Par ailleurs, l'absence d'éclairage public en ces lieux, où règne une obscurité totale, rend les déplacements de ces habitants périlleux. « Nous avons à maintes reprises demandé aux responsables locaux d'installer des lampadaires sur le chemin de notre quartier, en vain », se désole Yacine, et de poursuivre : « Notre quartier a été, durant une certaine période de la révolution, le lieu de résidence de Mustapha Ben Boulaïd. Il existe aussi une grotte située pas loin de nos habitations, elle a longtemps servi durant la guerre de libération de cache à Ali La Pointe. » Nous apprendrons de notre interlocuteur qu'une bonne partie du film sur Mustapha Ben Boulaïd a été tournée dans ce quartier.