Pourquoi «les autorités chadliennes» avaient-elles invité Mohamed Arkoun à ce «séminaire religieux», qui s'est tenu juste après les «événements du Printemps berbère», et pourquoi elles (les autorités) ne l'ont pas défendu quand il a été «attaqué» par «ces frérots» venus d'un «autre monde et porteurs de doctrines de djah'le et d'extrêmisme»(1) rarement égalées dans l'histoire de l'islam ? Pourquoi cette année-là (1980), «les autorités chadliennes» avaient invité ce «Mohamed Ghezali», alors qu'elles savaient qu'il était condamné à mort par coutumace(2) par la justice égyptienne depuis 1966 et que seule l'Arabie Saoudite l'acceptait sur son territoire, sans cependant lui permettre de prêcher ou de faire des déclarations politiques ? Véritable énigme ! Cependant deux choses sont sûres et donnent un «petit éclairage», même si les réponses «logiques» à nos deux questions restent archivées quelque part ou ont été ensevelies sans les tombes de Chadli, de Mouloud Kacem ou des «personnalités qui tenaient le véritable pouvoir à l'époque». – a) Mohamed Arkoun n'a jamais «caché» sa sympathie pour Mouloud Mammeri et les artisans du «Printemps berbère», il a toujours défendu «l'identité et la langue berbère» et a, surtout, écrit et dit, durant toute sa vie de savant, que l'islam est une religion universelle, que les «fkih» (lettrés spécialisés dans la loi islamique) arabes ne sont pas «supérieurs» à leurs collègues appartenant aux autres peuples musulmans dont la langue arabe n'est pas la langue maternelle ou officielle. -b) Mohamed Arkoun a innové dans l'idjtihad et a toujours appelé les chercheurs musulmans à sortir de «l'archaïsme des anciens» (el qodama) et à «aller vers le modernisme, seul moyen capable de nous aider à rattraper les civilisations chrétienne, judaïque ou boudhiste…» A suivre.
-1- Djah'le veut dire ignorance sauvagerie, «rejet de l'autre» et même dictature ou despotisme (à la Kadhafi, par exemple !) Arkoun a traité ses détracteurs du séminaire de 1980 de «djouhala et d'extrêmistes». -2- Il n'a jamais été «gracié» même si Hosni Moubarak lui avait «permis de mourir dans son pays » !