En rencontrant, dimanche au quartier général de la Protection civile, les différents acteurs ayant contribué au succès sportif de l'équipe nationale de football, laquelle s'est brillamment qualifiée à la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a mis les pieds dans le plat en reprochant aux Egyptiens de ne pas avoir donné suite à la demande algérienne d'offrir ses services et sa collaboration à la partie égyptienne en vue d'assurer la sécurité de la délégation sportive et officielle algérienne ainsi que des supporters des Verts, lors du match à haut risque qui s'était joué au Caire. A l'inverse, il s'est félicité de toute la sollicitude et de la compréhension dont ont fait montre les autorités soudanaises lesquelles, en conjuguant leurs efforts avec les responsables algériens, ont créé en un temps record, de bien meilleures conditions d'organisation du match d'appui du Soudan sur tout les plans : sportif, sécuritaire... Le ministre de l'Intérieur, qui a qualifié les agressions ayant visé les joueurs et les supporters au Caire de « graves », persiste, signe et situe clairement les responsabilités dans les événements du Caire que la presse et les responsables égyptiens ont vainement cherché à travestir en invoquant la thèse saugrenue d'une mise en scène orchestrée par l'Algérie. Il était bon et opportun donc que M. Zerhouni rappelle certaines vérités, en ce moment où les Egyptiens se sont engagés à corps perdu, après la débâcle footballistique de Khartoum, dans une campagne de dénigrement systématique de l'Algérie dépeinte sous des traits d'un monstre sorti du fin fond des âges. Il fallait rétablir la vérité aux yeux des opinions arabe et internationale qui n'auront pas été pour autant dupes dans cette affaire, comme cela apparaît clairement à travers la couverture médiatique des deux matchs du Caire et de Khartoum, où l'image de l'Egypte et des Egyptiens en est sortie plus que ternie. Il fallait en haut lieu, en Algérie, que l'on dévoile à l'opinion nationale et internationale les véritables dessous et desseins du complot tramé contre l'équipe nationale. Le président Bouteflika, qui a réussi, avec l'organisation du pont aérien des supporters algériens, à donner à la rencontre décisive de Khartoum un autre tournant qui s'était soldé à l'avantage des Verts, s'est refusé, contrairement au président Moubarak, de s'impliquer politiquement par des déclarations, même après l'agression du Caire, s'imposant une ligne de conduite confinée scrupuleusement à la rencontre de football et aux encouragements et vœux de réussite prodigués à la sélection nationale. Avec le déchaînement quotidien des médias égyptiens contre l'Algérie et la montée au créneau du président égyptien dans une allusion claire à l'Algérie, affirmant sur un ton martial que son pays n'acceptera pas que l'on porte atteinte à la dignité de ses concitoyens, l'opinion algérienne attendait une réaction tout aussi ferme de la part du président Bouteflika pour faire bonne mesure et ne pas laisser la balle égyptienne qui a pénétré dangereusement dans la surface de réparation algérienne avec l'entrée en scène du raïs égyptien dans le camp algérien. Il ne l'a pas fait. Il a laissé le soin d'abord à des ministres du gouvernement, ensuite à M. Belkhadem, premier responsable du FLN mais aussi ministre d'Etat, et enfin à M. Zerhouni qui, au delà de son poste de ministre de l'Intérieur, ministre d'Etat, a cette particularité d'être proche du président Bouteflika. Il reste qu'une intervention de Bouteflika, qui mène aux points, est vivement souhaitée par l'opinion. Quant à M. Zerhouni, il a, certes, brisé le mur du silence, mais il n'a pas tout dit.