L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) soutient la décision du Premier ministre ayant instruit, à partir de Mostaganem, les producteurs de lait afin de remplacer l'emballage en plastique par le conditionnement en carton. Pour rappel, le Premier ministre a accordé un délai de trois mois pour ne plus voir sur les étalages les sachets de lait. «C'est une bonne décision qui permet de préserver à la fois la santé des consommateurs et son environnement, même si elle est venue en retard», souligne M. Boulenouar. Cette décision intervient alors que le lait en sachet, pourtant subventionné, n'est toujours pas disponible sur le marché et les autres produits proposés, tels que le lait en poudre, sont hors de prix. L'UGCAA affirme son soutien également à la décision du ministre du Commerce qui ouvre une enquête sur la poudre de lait. L'UGCAA, qui n'écarte par le détournement de cette poudre subventionnée pour la fabrication des dérivés du lait comme le fromage et le yaourt, disculpe les commerçants quant à leur éventuelle implication dans les perturbations de l'alimentation du marché en lait en sachet. La pénurie du lait en sachet contraint les consommateurs à acheter du lait en poudre. Ce qui explique, en partie, la hausse du prix de ce produit, d'après les explications avancées par l'UGCAA. «Les transformateurs se plaignent du fait qu'ils reçoivent des quantités insuffisantes de la poudre du lait», affirme M. Boulenouar. Mais la perturbation du marché du lait en sachet n'est pas due au manque de la matière première, déclarent, à l'APS, les professionnels de la filière lait. Ces derniers avancent d'autres raisons liées essentiellement à l'impact de la hausse des prix de la poudre de lait sur le marché international et au manque de professionnalisme. «Ce n'est pas normal que le lait conditionné en sachet dont le tarif est administré à 25 DA/litre manque en ce moment», a déclaré Mahmoud Benchekour, président du Conseil interprofessionnel de la filière lait (CIL). L'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) affirme, pour sa part, qu'il n'y avait eu aucune restriction des quantités de la poudre destinées aux transformateurs aussi bien publics que privés. Les quantités de lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) produites par le groupe laitier public Giplait sont restées également inchangées, soit plus de 2,5 millions de litres par jour, assure Mouloud Harim, PDG de ce groupe. Quelles sont les raisons du dysfonctionnement ? Selon ces professionnels, les raisons sont dues à l'impact de la hausse des cours internationaux de la poudre de lait, qui dure depuis le premier trimestre 2013, sur le marché local. Cette hausse sensible a fait que les habitués du lait en boîte se sont rabattus sur le lait en sachet dont le prix est fixé à 25 DA. Cette forte demande a pesé sur l'offre de ce produit de large consommation sur le marché. De plus, certains industriels du yaourt et du fromage, qui ne pouvaient pas supporter le coût de la poudre, se sont tournés vers la collecte du lait cru local utilisé dans la fabrication des dérivés du lait. Les quantités de lait cru collectées auprès des éleveurs ont atteint 800 millions de litres en 2013, dont 50% vont à la fabrication des produits dérivés du lait, selon le CIL. Ce qui n'est pas le cas depuis le début de l'année 2014 où la grande partie du lait cru collectée va vers les produits dérivés. Ainsi de fortes demandes ont été exprimées pour le lait cru. Certains industriels collectent leur lait destiné à la transformation à une distance de 400 kilomètres à un prix avantageux pour l'éleveur allant jusqu'à 50 DA/litre. M. Benchekour n'écarte tout de même pas l'hypothèse du détournement de la poudre subventionnée qui pourrait être à l'origine du déséquilibre entre l'offre et la demande. «S'il y a détournement de la poudre de lait au niveau des laiteries, il faut contrôler et sévir», a martelé le président du CIL. Ce dernier évoque d'autres facteurs qui sont relatifs à «l'absence de professionnalisme chez le transformateur ou le livreur» qui d'après lui, «peut facilement créer un déséquilibre sur le marché». Les commerçants n'ont toujours pas compris les raisons réelles de cette perturbation qui perdure depuis quelques mois. «La livraison du lait pasteurisé était régulière. Le distributeur passait quotidiennement. Mais, aujourd'hui, on ne sait plus s'il passera ou pas, en plus on n'a droit qu'à une centaine de sachets contre 300 auparavant», affirme un commerçant d'Alger. De son côté, le représentant des distributeurs à l'UGCAA, Farid Aoulmi, impute cette perturbation au niveau de la capitale au fait que la filiale du groupe Giplait de Birkhadem ait diminué entre 5 et 20% les quantités distribuées à Alger au profit d'autres wilayas, comme Tipasa et Blida.