En inaugurant hier, à Alger, la 10e édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, a voulu donner plus de visibilité à la destination Algérie. Dans son allocution, il a tenté de convaincre que le tourisme algérien a de l'avenir et qu'il a une belle carte à jouer. Il a mis en évidence les retombées économiques mais a insisté aussi sur le facteur de rapprochement entre les peuples en cette période de repli et de « crispation identitaire ». « Le tourisme, c'est de la réalisation et des hébergements mais c'est surtout de l'humain », souligne-t-il. Il place le décor de ce salon en affirmant : « Au-delà de l'opportunité donnée à nos opérateurs du tourisme de présenter aux visiteurs nationaux et étrangers, mais aussi aux partenaires des pays émetteurs, les multiples facettes du patrimoine touristique de l'Algérie et en particulier du Sud algérien, l'organisation de ce salon est un moment pour faire le point sur les étapes franchies et les opérations engagées dans le cadre de la feuille de route que nous nous sommes tracée. » Des résultats encourageants ont été enregistrés dans le cadre de la promotion de l'investissement touristique avec le lancement, ces deux dernières années, de 390 nouveaux hôtels privés totalisant plus de 38 000 lits, soit plus de 50% des objectifs physiques arrêtés par le business plan 2015. Dans ce même ordre d'idées, 45 projets de villages touristiques d'excellence sont en cours d'examen par le Conseil national de l'investissement, dont une bonne partie pourra être lancée dès le début de l'année prochaine. La promotion de l'investissement touristique a également bénéficié d'un appui particulièrement significatif des pouvoirs publics dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Ce Salon est l'occasion aussi de rendre publics les chiffres-clés du tourisme algérien pour 2008. Les entrées aux frontières ont été de 1 772 000 touristes, soit une hausse de 1,64% par rapport à 2007 (1,74 million de touristes). Les principales motivations des visiteurs sont les loisirs, la détente et les affaires. Les visiteurs en provenance de France dominent largement avec 170 583 touristes ; ceux en provenance de Chine sont en progression constante avec une hausse significative de 15% par rapport à 2007. Le montant des recettes touristiques est de 300 millions de dollars, soit une hausse de 37% par rapport à 2007. Cependant, une remarque s'impose : en dépit de l'augmentation des entrées touristiques ces dernières années, le montant des devises dépensées par les nationaux à l'étranger reste supérieur à celui des devises générées par les entrées des non résidants. Pour renverser la tendance, il faut absolument trouver, dans un premier temps, un équilibre entre un tourisme émetteur et un tourisme réceptif. Dans ce cadre-là, les agences de voyages ont un rôle de premier plan à jouer en donnant un coup d'accélérateur. La compagnie aérienne Air Algérie doit aussi être davantage impliquée dans le développement du tourisme. Le pays a entamé la construction de 274 établissements hôteliers de différentes gammes (resorts et haut de gamme, chaînes internationales et standards). Même si la priorité de ce Salon est le tourisme saharien, l'ensemble des acteurs étaient présents. Parmi les exposants figurent les Entreprises de gestion touristique (EGT), les compagnies aériennes (Air Algérie, Aigle Azur et Air Méditerranée), l'aéroport d'Alger (SGSIA), l'Andi, les Douanes et la DGSN. Pourquoi ce choix ? Il a été relevé que les touristes qui ont déjà visité le Grand Sud affirment en majorité qu'ils ont « besoin d'y revenir régulièrement afin de s'y ressourcer, de se retremper dans sa lumière bien particulière où la notion du temps qui passe n'a plus de signification ». En dépit des progrès accomplis, il reste cependant à résoudre 4 points-clés. L'absence d'image touristique : l'Algérie n'est pas une destination. Il faut que notre pays se laisse voir, premier pas vers la découverte et la naissance d'une étincelle qui va pousser les potentiels touristes à vouloir s'y rendre. L'offre d'hébergement reste insuffisante sur le plan quantitatif et qualitatif et, pour y remédier, il faut que le plan qualité-tourisme soit appliqué à la lettre. L'accueil et l'information dépendent de structures encore fragiles et isolées et l'organisation touristique trop cloisonnée freine la logique économique et marketing. L'ONT gagnerait à être plus agressive sur le plan de la promotion de la destination Algérie si elle veut la placer sur ce marché très porteur. Dans ce cadre, la communication par la presse, les sites internet et les affiches et la surveillance de la concurrence doivent être un réflexe. Organiser des « eductours » pour la presse étrangère est une bonne chose, mais sans l'implication des journalistes algériens, la destination Algérie ne pourra être qu'une étoile filante...